Banquiers, assureurs et grandes fortunes boudent les fonds d'investissement

Hier encore, le leitmotiv des présidents de fonds d'investissement était le suivant : « Certes, les difficultés s'amoncellent, mais voyez le niveau des levées de fonds : il ne fléchit pas ! » L'argument, largement employé pour attester du maintien de la confiance des investisseurs dans l'industrie, a été rendu obsolète par les chiffres récemment publiés par Preqin. D'après le cabinet d'études américain, la levée de capitaux s'est effondrée dans le monde sur les trois premiers mois de l'année, passant de 129 milliards de dollars au quatrième trimestre 2008 à 49 milliards, soit une baisse de 62 %.La marche aurait été encore plus haute si CVC Partners n'avait pas clôturé la levée de son mégafonds de 11 milliards d'euros au premier trimestre. « Après le 31 décembre 2008, beaucoup d'investisseurs ont constaté l'étendue de leurs pertes à la suite des lourdes dépréciations enregistrées par certains fonds d'investissement, en particulier sur les participations acquises trop chères ou avec trop de dettes », explique Christophe Bavière, patron d'AGF Private Equity. Échaudés, beaucoup ont donc décidé de ne pas répondre aux nouveaux appels de fonds, préférant pour certains se replier sur le marché secondaire, où se vendent les parts de fonds existants. « Depuis un mois, il y a un frémissement très net de l'activit頻, observe Antoine Dréan, patron de Triago, qui joue le rôle d'intermédiaire sur ce marché. Depuis le début de l'année, 8,7 milliards de dollars ont déjà été collectés par les fonds secondaires, dont 5,5 milliards de dollars par Goldman Sachs. on se presse de vendreEn face, les vendeurs se bousculent. Les fonds de pension et les universités américaines ont été les premiers à y venir. D'autres investisseurs institutionnels suivent leurs traces aujourd'hui. De grandes banques, à l'image de Royal Bank of Scotland ou HBOS, cherchent à se débarrasser d'investissements gourmands en fonds propres. Et BNP Paribas pourrait s'empresser de les imiter avec la branche d'investissement dans le non-coté de Fortis. Une problématique à laquelle n'échappent pas les assureurs, a fortiori depuis l'adoption de la très contraignante directive Solvabilité II. Derniers arrivés sur le marché : les « family offices ». Il se murmure que l'un d'entre eux, un français, chercherait à se débarrasser d'un portefeuille de plus de 400 millions d'euros. Alexandre Madde
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