sélection officielle« Nuit d'ivresse printanière »  : une vis...

élection officielle« Nuit d'ivresse printanière » : une vision inédite de la ChineIl y a trois ans, la projection d'« Une jeunesse chinoise » à Cannes lui avait valu les foudres des autorités chinoises, une interdiction de diffusion dans son pays et un « bannissement » de cinq ans. Aucune chance pour que Lou Ye retrouve les bonnes grâces du gouvernement chinois avec son dernier film, « Nuit d'ivresse printanière », présenté hier soir à Cannes. Et c'est bien dommage. Car c'est une belle histoire d'amour que réussit le réalisateur avec ce film, doublé d'un portrait délicat et sans concession de la jeunesse de son pays. Nous sommes à Nankin, sur les bords du fleuve Yangtze. C'est là que vivent Wang Ping et son épouse. Soupçonnant son mari de la tromper, cette dernière le fait suivre par un jeune détective. Et découvre qu'il a pris un homme pour amant, ce qui détruit leur couple. De son côté, le détective se lie avec l'amant auquel il impose sa petite amie. Tous trois s'embarquent alors dans une folle équipée amoureuse à la « Jules et Jim ». « Nuit d'ivresse printanière » (dont le titre magnifique emprunte à un poème de Yu Dafu) offre une vision inédite de la Chine. Celle d'un monde underground rarement montré au cinéma. Il raconte surtout une jeunesse incapable de trouver sa place dans la société chinoise et dont la liberté est entravée par le poids des traditions. Tourné clandestinement, sans autorisation, parfois même à l'insu des passants, filmé au plus près des corps, caméra au poing, le film n'en est pas moins extrêmement maîtrisé, bien qu'un peu trop long sur la fin. Il se révèle surtout captivant. Car c'est une histoire d'amour universelle et assez classique que déroule Lou Ye, souligné par une pudeur et une poésie du quotidien à fleur de peau. Il est peu probable, là encore, que le film puisse être projeté en Chine. Mais le bannissement de Lou Ye en 2006 n'avait pas empêché « Une jeunesse chinoise » de trouver son public grâce à la vente de DVD. Il s'en était alors écoulé plus d'un million et demi en Chine. Il devrait s'en vendre tout autant pour « Nuit d'ivresse printanière ».Yasmine Youssi, à Canne
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