Graves turbulences à British Airways

AÉRIEN« Annus horribilis ». Martin Broughton, président de British Airways (BA), n'a pas caché son inquiétude hier, lors de l'assemblée générale annuelle de la compagnie aérienne. « C'est la pire année de l'histoire de l'aviation et cela va continuer. »La compagnie historique britannique a de fait connu un exercice 2008-2009 (clos en mai) catastrophique, qui s'est soldé par une perte avant impôts de 401 millions de livres (467 millions d'euros). Une conséquence directe de la récession. Mais Martin Broughton avertit qu'il ne s'agit pas d'un simple trou d'air. Selon lui, la classe affaires est nettement plus touchée que la classe économie, et il s'agit là d'un changement structurel. « Le marché Premium pourrait ne jamais s'en remettre », prévient-il. À cela s'ajoute la situation catastrophique du fonds de pension. Déjà déficitaire à hauteur de 1,5 milliard de livres (1,7 milliard d'euros) avant la crise, il s'est nécessairement détérioré, même si le chiffre exact du déficit ne sera connu qu'à l'automne.Dans cette situation, Willie Walsh, directeur général de BA, a lancé un grand plan de réduction des coûts. Le mois dernier, il a convaincu 7.000 des 40.000 employés de la compagnie de prendre des congés non payés, de réduire leurs horaires, voire pour quelques-uns d'offrir quelques heures de travail non payées. Il veut maintenant aller plus loin, pour supprimer 3.700 emplois, geler les salaires pendant deux ans et avoir une main-d'?uvre plus flexible.Enfin, il envisage de lever de l'argent supplémentaire : s'il rejette une augmentation de capital traditionnelle, il étudie avec les actionnaires institutionnels la possibilité d'émettre des obligations convertibles en actions.Mais les syndicats, qui manifestaient hier lors de l'assemblée générale, sont remontés. Faute d'accord au 30 juin, la direction a arrêté les négociations. Pourtant, Unite, le principal syndicat, propose de réduire les salaires de 2,6 %, et accepte le principe de 2.000 départs volontaires. « La raison pour laquelle Willie Walsh rejette nos propositions est qu'il veut suivre un modèle low-cost, et briser le pouvoir des syndicats », accuse Pauline Doyle, de Unite. Elle rappelle également que BA a réalisé un bénéfice record l'année dernière, preuve selon elle que les problèmes actuels sont avant tout conjoncturels.reprise des discussionsLe dernier dossier épineux est celui de la fusion avec Iberia, souhaitée par BA. Un rapprochement permettrait des économies de coûts, que ce soit pour la maintenance des avions, les achats de matériels ou le marketing. Mais les négociations traînent depuis un an, notamment en raison du fonds de pension de BA. Antonio Vazquez Romero, le nouveau président à Iberia, arrivé la semaine dernière, pourrait changer la donne : il vient de confirmer qu'il voulait mener les négociations à terme.Éric Albert, à Londre
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