La prime à la casse sera supprimée de façon progressive

Comment éviter qu'après le succès de la prime à la casse ne survienne la déprime du marché automobile ? C'est en ces termes que se pose le dilemme des pouvoirs publics. Avant-hier, dans « Les Échos », le ministre de l'Industrie indiquait que le gouvernement travaillait « à un arrêt progressif » de ce dispositif de soutien à la filière automobile. Légalement, la prime à la casse ? prévoyant le versement de 1.000 euros pour l'acquisition d'une voiture émettant moins de 160 g de CO2 par km quand cet achat s'accompagne de la mise à la casse d'un véhicule de plus de 10 ans ? s'arrête le 31 décembre prochain. Mais, comme l'explique à « La Tribune » Patrick Devedjian, « il est hors de question de donner un signal négatif au march頻. Pour le ministre de la Relance, les expériences du milieu des années 1990 (« Balladurettes » et « Juppettes ») prouvent qu'il « ne faut pas interrompre ces dispositifs brutalement, sinon on risque des trous d'air terribles ». Tout comme Christian Estrosi, Patrick Devedjian plaide en faveur d'une sortie progressive du dispositif actuel. « On peut imaginer que, pendant les six premiers mois de 2010, on aurait une prime de 700 ou 800 euros. La prime serait ensuite ramenée à 400 euros », explique le ministre de la Relance. Les nouveaux curseurs pourraient figurer dans le projet de loi de finances pour 2010 examiné cet automne, et ils tiendront évidemment compte de la situation du marché à la fin de l'année. La décision du gouvernement tiendra également compte des politiques arrêtées dans les autres pays européens. À l'heure actuelle, treize pays européens sur vingt-sept ont mis en place des systèmes équivalents au dispositif français de prime à la casse, mais suivant les pays le montant de la prime varie. Ainsi en Allemagne, c'est 2.500 euros, 1.500 euros en Italie pour les véhicules particuliers et 2.500 pour les utilitaires légers? C'est pourquoi Patrick Devedjian, qui s'est récemment rendu à Bruxelles pour rencontrer les commissaires européens Neelie Kroes et Günter Verheugen, plaide en faveur d'une coordination européenne pour sortir de ces dispositifs de soutien au marché automobile. « S'il n'y a pas de coordination, nous serons pour notre part vigilants quant à ce qui se passera ailleurs afin que les constructeurs français ne se fassent pas prendre des parts de marché. » version réaménagéeOn le voit, l'affaire n'est pas encore totalement tranchée, à un point près. Le système actuel ne s'arrêtera pas brutalement, il se poursuivra dans une version réaménagée à partir du 1er janvier 2010. Voilà qui devrait satisfaire les constructeurs. Le PDG de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, a souligné vendredi que, si les primes à la casse soutenaient actuellement le marché, leur fin entraînerait une « pression à la baisse » qui compensera les effets liés à la reprise. Les immatriculations de voitures particulières ont augmenté de 7,1 % sur un an en France en juin, avec une hausse de 12,6 % pour le groupe PSA et de 5,5 % pour Renault. Selon les chiffres communiqués à « La Tribune », à la date du 9 juillet, la prime à la casse a bénéficié à 230.000 véhicules, soit un coût à cette date de 230 millions d'euros. La facture pourrait venir flirter avec les 400 millions puisque le gouvernement s'attend à 390.000 immatriculations supplémentaires dues à la prime. Initialement, c'est une enveloppe de 220 millions d'euros qui avait été prévue.
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