L'or, baromètre détraqué de la crise

Sur l'échelle de Richter des séismes financiers, la crise actuelle représente le pire des tremblements de terre qu'ait subi le libéralisme. C'est en tout cas le message transmis par les marchés actions, dont l'effondrement général n'a jamais été aussi rapide sur un mois. Le cours de l'or à Paris raconte une secousse beaucoup plus modeste : celle de l'élection de François Mitterrand en 1981. Le napoléon cotait en effet autour des 150 euros ces dernières semaines, soit à peine plus des 1.000 francs auxquels les Parisiens se l'arrachaient il y a vingt-sept ans. Et l'accès direct au métal se paie cher. Comme lors de l'arrivée des socialistes au pouvoir, le napoléon affiche une forte prime par rapport au cours de l'or sur les marchés internationaux. Vu le contenu en or du napoléon, la pièce devrait en théorie s'échanger à 115 euros. Son prix est pourtant grimpé jusqu'à 190 euros le 2 octobre, en raison d'un marché peu liquide. Et si aucune file d'attente ne se forme devant les boutiques de numismatique, l'afflux des épargnants reste impressionnant depuis un mois. Les ventes de coffres-forts se sont aussi envolées, confirmant la nervosité d'épargnants qui perdent visiblement confiance dans leur banque.Il faut dire que, comme la fuite vers l'or, l'exode semble aujourd'hui relativement inutile, tant la crise est globalisée. C'est d'ailleurs cette globalisation qui plombe le cours de l'or, dont le prix reste tout à fait modeste dans une perspective historique. À 845 dollars, l'once d'or est loin de la moitié de son prix de 1980, qui serait de 2.200 dollars, corrigé de l'inflation. Banques, marchés financiers et économies nationales étant désormais intrinsèquement liés, l'or subit aussi l'effondrement des autres classes d'actifs. Ainsi, si certains investisseurs se sont précipités sur l'or, nombre d'entre eux ont aussi dû en vendre afin de faire face à des appels de marge. Comme l'indice de référence sur les matières premières, le Dow Jones AIG, le marché actions, affiche un repli de 36 % depuis le début de l'année.
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