Tension au sein d'EADS, Louis Gallois menace de claquer la porte

Le conseil d'administration d'EADS a été tendu jeudi. Au point que le président Louis Gallois, pourtant peu coutumier à ce type de coup d'éclat, a mis en balance, lors de cette réunion du conseil portant sur la validation du troisième trimestre, sa démission pour faire avancer un dossier, selon des sources concordantes. Contacté par La Tribune, le porte-parole du groupe a démenti ces informations. Qu'est-ce qui a pu faire sortir Louis Gallois, pourtant réputé pour son calme et qui entretient de bonnes relations avec Tom Enders, le patron d'Airbus, en particulier, et les Allemands, en général, de ses gonds?? Le dossier Thales, qui embarrasse au plus haut point le groupe, ou encore la réorganisation en interne, qui a dû mal à accoucher?? Non, le président d'EADS aurait eu du mal à convaincre ses actionnaires du bien-fondé d'une acquisition aux États-Unis dans le contexte actuel. « Il a plus fait cela pour convaincre son auditoire, observe-t-on. Une sorte de coup de poker. » Gagnant visiblement, puisque l'affaire ne serait pas allée plus loin que cela. L'histoire semble pourtant se répéter. À l'automne 2007, un projet d'acquisition aux États-Unis d'EADS d'un montant de 1 milliard de dollars avait carrément été stoppé par Lagardère.projet de réorganisationEn tout cas, l'ambiance au sein du groupe n'est pas aussi sereine et tranquille que ce que veut bien montrer le groupe. Bien sûr, la situation n'est pas aussi détestable qu'en 2007 mais, en dépit des efforts louables d'apaisement de Louis Gallois, un regain de nationalisme entre Allemands et Français a resurgi au moment où un projet de plan de réorganisation a été présenté par le président d'EADS. Un dossier qu'il gère en personne. Outre le fait de déménager le siège social à Toulouse, une initiative acceptée par Tom Enders mais rapidement abandonnée, Français et Allemands se sont affrontés sur le projet de réunir les activités de défense et d'espace dans une même entité. Louis Gallois s'est notamment heurté à l'hostilité de Rüdiger Grube, coprésident du conseil d'administration d'EADS et chef de file d'opposition sur ce projet.Aussi, en dépit du contexte économique et des craintes qui pèsent actuellement sur le secteur de l'aéronautique civil, le fait qu'EADS se porte mieux que bien a dû mettre du baume au c?ur à Louis Gallois. En attestent ses résultats trimestriels publiés hier. Le géant européen a dégagé sur la période un bénéfice net de 679 millions d'euros, contre une perte de 776 millions un an plus tôt. Au niveau opérationnel, le groupe est également bénéficiaire avec un Ebit avant intérêts et impôts, écarts d'acquisition et éléments exceptionnels de 860 millions d'euros sur la période (contre une perte de 711 millions un an plus tôt).trésorerie disponibleEn tout, sur neuf mois, l'Ebit dépasse les 2 milliards d'euros permettant au groupe d'atteindre son objectif annuel (1,8 milliard d'euros) avant l'heure. En termes de prévisions, EADS a aussi confirmé l'objectif d'un chiffre d'affaires à plus de 40 milliards d'euros à la fin de l'exercice ainsi que 470 avions livrés et 850 commandes enregistrées cette année. Enfin, fait remarquable en ces temps de vaches maigres, le niveau record de la trésorerie, qui atteint 9 milliards d'euros sur neuf mois et permet au groupe d'anticiper dès maintenant des flux de trésorerie disponible supérieurs à 2 milliards d'euros fin 2008, « sachant que cet agrégat est le plus difficile à prévoir », souligne à juste titre EADS.Le groupe se paie le luxe de franchir en termes d'objectif la ligne d'arrivée avec trois mois d'avance. Une agréable surprise, qui ne fait pas oublier les craintes pesant sur les perspectives du groupe. Louis Gallois a d'ores et déjà indiqué hier s'attendre à des annulations de commandes en 2009 sans les quantifier. Mais avec un carnet de commandes record de 400 milliards d'euros au 30 septembre, il a encore de la marge. Ce sont surtout les difficultés du programme A400M qui inquiètent. Le groupe prévoit de « nouveaux retards » sur ce programme pour lequel il a passé 341 millions de provisions sur le troisième trimestre. Il a prévenu qu'il « remettra à jour la charge comptabilisée au titre de l'A400M » en fonction de l'avancée du programme.Michel Cabirol et Gaël Vautrin
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