La croissance du marché du mobile avait une fin

Nokia a constaté ces dernières semaines une chute brutale des dépenses de consommation dans le mondePour la première fois depuis huit ans, le nombre de téléphones portables vendus dans le monde va baisser l'an prochain. Cette fois, c'est officiel, le marché de la téléphonie mobile va lui aussi entrer en « récession. » C'est Nokia, le plus grand fabricant de terminaux qui l'a annoncé hier, sans préciser l'ampleur du recul qu'il anticipe. La contraction du marché aurait commencé au troisième trimestre, mais après son avertissement sur résultats du début septembre, le géant finlandais avait finalement rassuré il y a un mois. Il s'était même montré confiant pour la période cruciale des fêtes de fin d'année, le dernier trimestre générant 30% des ventes annuelles. Que s'est-il passé depuis ses annonces du 16 octobre ? « Au cours des toutes dernières semaines, le ralentissement économique mondial, combiné à une volatilité monétaire sans précédent, a provoqué une chute brutale des dépenses de consommation dans le monde », explique Nokia. Le baromètre du secteur, fort de ses 38% de parts de marché, invoque aussi l'impact négatif de l'accès plus limité au crédit. Pour Neil Mawston, du cabinet d'études Strategy Analytics, « c'est un choc, même si cela n'était pas totalement inattendu. Nous avions entendu parler ces dernières semaines d'opérateurs et de distributeurs réduisant leurs stocks de téléphones au strict minimum pour des raisons de pénurie de crédit. Cela ressemble beaucoup à une récession du côté de l'offre [supply-side, ndlr]» selon cet expert, convaincu que la demande des consommateurs dans le monde reste solide. Toutefois l'avertissement lancé deux jours plus tôt par le fabricant de puces Intel augure d'un ralentissement marqué de la consommation de produits d'électronique grand public. Nokia estime finalement qu'il devrait se vendre 330 millions de téléphones au quatrième trimestre, un peu plus qu'au troisième mais 2% de moins qu'il y a un an. Sur l'ensemble de l'année, il devrait s'écouler 1,24 milliard d'appareils, 100 millions de plus qu'en 2007, reflétant une progression de 8,7%, conforme aux prévisions du cabinet Gartner, mais alors que Nokia tablait encore sur une hausse de 10,5% à la mi-octobre. Le ralentissement est brutal, puisque la croissance annuelle devrait être deux fois moins forte qu'en 2007 (+16%). « actions fermes »« Dans toute l'histoire du marché de la téléphonie mobile, depuis 1983, le nombre de téléphones écoulés au niveau mondial n'a reculé qu'une seule fois, en 2001, de 5%. Nous sommes à nouveau dans un cycle baissier », considère Neil Mawston. Effets prolongés de l'explosion de la bulle internet, ralentissement économique et attentats du 11-septembre, les causes étaient multiples. Strategy Analytics prédit désormais que le marché mondial devrait se rétracter de 1% l'an prochain. Plus pessimistes, les analystes de Merrill Lynch anticipaient un recul de 5% avant même l'annonce de Nokia. Les dirigeants du groupe finlandais affirment que dans les pays où la pénétration du mobile est encore faible, la dynamique des nouveaux clients va se poursuivre, mais à un rythme plus lent, la situation étant plus difficile dans les marchés matures dépendant du renouvellement des portables. Dans ce contexte d'une année 2009 « difficile » au dire même de Nokia, le mastodonte du secteur est décidé à prendre « des actions fermes » pour réduire ses dépenses opérationnelles, qui seront détaillées devant les investisseurs le 4 décembre.
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