Pékin, acteur clé des affaires du monde

C'est un tapis rouge qui attendait hier soir Hu Jintao, le président chinois, à l'entrée du G20. Auréolé de l'aisance financière de son pays (plus de 1.900 milliards de dollars de réserves de change), il trouve à Washington une nouvelle occasion de confirmer combien l'empire du Milieu compte dans les affaires du monde.Il aura fallu trente ans, depuis le lancement des réformes par Deng Xiaoping fin 1978, pour que la Chine s'impose comme acteur majeur sur la scène internationale. Certes, aujourd'hui encore, son image reste troublée. Le déficit de démocratie interne, le déni des droits de l'homme et le manque de transparence des processus de décision (notamment en matière de dépenses militaires) continuent d'alimenter la suspicion. Mais, depuis l'époque de la guerre froide, où elle était reléguée avec la Russie dans le camp des menaces, le chemin parcouru est impressionnant.soft powerPrésente au Conseil de sécurité à l'ONU, au Fonds monétaire international, à la Banque mondiale où l'un des siens, Yifu Lin, a été récemment nommé au poste clé d'économiste en chef, et enfin à l'Organisation mondiale du commerce, la Chine est passée « d'une attitude de repli sur soi et de conservatisme idéologique à une diplomatie plus active et pragmatique », résumait il y a peu Shen Wei, spécialiste des relations internationales lors d'un séminaire organisé par l'Ifri. Pour Pékin, l'enjeu est double?: exercer son influence sur les règles du jeu international par les voies du dialogue pacifique et de l'exemplarité (le « soft power ») et se forger une image d'État responsable. Au FMI, où son quota reste faible, la Chine exerce une influence significative de façon indirecte, par le biais de son poids économique. Classé au deuxième rang des puissances économiques derrière les États-Unis (en parité de pouvoir d'achat), l'empire du Milieu n'est pas seulement l'atelier du monde. Contribuant au quart de la croissance mondiale, il est devenu le pivot de l'intégration industrielle asiatique et représente un marché essentiel pour les pays exportateurs de matières premières africains et sud-américains. « D'ici à 2010, la Chine sera probablement le tout premier bailleur de fonds de l'Afrique », pronostique l'Agence française de développement. Engagée sur la voie de la normalisation de sa position internationale, lorsqu'elle contribue à déminer le dossier iranien, la Chine doit encore convaincre que sa participation à la gouvernance mondiale n'est pas uniquement motivée par la défense de ses intérêts particuliers, quand il s'agit, par exemple, du dossier nord-coréen ou du nucléaire pakistanais. La crise financière et l'affirmation du G20 offriront sans doute à Pékin l'occasion d'une clarification. Laurent Chemineau
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