Faillite de Lehman ? : dix ans pour démêler l'écheveau

La résolution de la faillite de Lehman Brothers pourrait prendre près d'une décennie. Tony Lomas, l'administrateur de Pricewaterhouse Coopers, en charge de la branche europénnne de l'ancienne banque d'affaires, a vertement averti hier ses 11.500 créanciers. Lors de leur première réunion formelle à Londres, où près d'un millier d'entre eux étaient présents (voir ci-contre), il a souligné que « l'échelle de la tâche est dix fois plus grande et compliquée qu'Enron [dont il était l'un des administrateurs, Ndlr]. Or, cela fait sept ans que la résolution d'Enron est en cours, et tout n'est pas encore fini. Et je ne vois pas pourquoi cela serait plus facile cette fois-ci. »gigantismeLa déflagration de la faillite de Lehman Brothers n'en finit pas de s'amplifier, neuf semaines après que Tony Lomas et son équipe ont été appelés d'urgence à la rescousse. Tout dans cette affaire prend des proportions gigantesques. Au total, PwC estime désormais les actifs de Lehman Brothers Europe à 588 milliards de dollars. Là-dessus, seulement 5 milliards de cash ont été récupérés pour l'instant. Autre exemple?: 87.000 positions, uniquement dans les produits dérivés, sont encore ouvertes. « Il faut que nous débrouillions les positions de 1.000 milliards de dollars, soit l'ensemble de notre bilan [environ 500 milliards d'actifs et 500 milliards de passif, Ndlr]. »Côté français, le choc est violent. Avec la publication de leurs résultats trimestriels depuis la semaine dernière, les banques françaises ont dévoilé l'impact de la faillite de Lehman Brothers dans leurs comptes. Les chiffres annoncés par les cinq banques cotées (les groupes Caisse d'Épargne et Banque Populaire ne publiant pas de trimestriels) atteignent 2 milliards d'euros. BNP Paribas est la plus touchée (577 millions) devant Dexia (482 millions) et la Société Générale (435 millions). Avec le recul, il apparaît aujourd'hui que le communiqué du ministère de l'Économie du 15 septembre a largement sous-évalué l'impact de la faillite. Il faisait alors état de « répercussions limitées pour les banques françaises ».agacementLe principal problème aujourd'hui demeure encore d'identifier qui doit quoi et à qui. La complexité vient du fait que Lehman Brothers disposait d'argent en propre, et une autre partie des montants appartenait à des clients (en grande partie des hedge funds). Or, il demeure aujourd'hui très difficile d'identifier les propriétaires de ces sommes. Celles-ci pouvaient en effet être échangées ou transférées à court terme à de tierces parties, tant que la banque d'investissement en avait la gestion. Tony Lomas ne cache pas son agacement face à la lenteur du processus, notamment des débiteurs. « Il faut comprendre que nous sommes dépendants d'autres personnes. Il est très frustrant que les tierces parties n'aient pas encore répondu à nos questions. » Pourtant, au moins une centaine de cas sont traités comme « urgents ». La survie de plusieurs hedge funds, notamment, dépend de la vitesse à laquelle seront débloqués leurs fonds. Pour essayer de clarifier le processus, les créanciers ont hier voté pour créer un conseil les représentant. Cinq positions étaient à pourvoir, et il y avait dix candidatures. Les résultats seront connus d'ici à mardi. Ensuite, la première réunion entre le conseil et les administrateurs aura lieu d'ici deux semaines. Éric Albert, à Londres
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