Dexia cède FSA sans convaincre

Arrivé le 8 octobre à la tête de Dexia, Pierre Mariani n'a eu guère plus d'un mois pour rassurer les marchés sur la pérennité du groupe bancaire franco-belge en difficulté. En arrachant hier matin un accord de cession partielle de sa filiale américaine de rehaussement de crédit FSA ? principal boulet de Dexia qui l'exposait à un risque potentiel de 500 milliards de dollars ?, Pierre Mariani espérait obtenir la reconnaissance des investisseurs. Et faire passer plus facilement la pilule d'une perte trimestrielle colossale de 1,54 milliard d'euros représentant une chute de 78,3 % sur un an.sanctionL'accord n'a pas eu l'effet escompté. Le titre de Dexia a clôturé hier en baisse de 11,95 % à 4,40 euros à la Bourse de Paris. Plusieurs raisons expliquent cette sanction. Le montage de la cession de FSA pour 722 millions de dollars à son concurrent américain Assured Garanty d'abord. Dexia a dû accepter de garder l'activité de produits garantis « Financial Products » de FSA, qui compte un portefeuille de titres risqués de 16,5 milliards de dollars. Les États français et belge ont accepté d'apporter leur garantie sur cette activité si les pertes dépassent 4,5 milliards de dollars. Dexia a déjà provisionné l'équivalent de 1,4 milliard de dollars de pertes, mais ses comptes sont donc encore exposés à un éventuel manque à gagner qui peut atteindre 3,1 milliards de dollars.Ensuite, la cession de FSA doit se faire pour moitié en numéraires et pour moitié en actions. Par conséquent, avec une participation de 24,7 % au capital de Assured Garanty, Dexia garde un pied dans l'activité américaine risquée de rehaussement de crédit dont elle essaie de s'extraire définitivement. Compte tenu de la capitalisation de Assured Garanty, « cela représente une exposition de l'ordre de 300 millions de dollars qui n'est pas de la même nature que le risque potentiel de 500 milliards auquel nous exposait FSA », a rappelé Pierre Mariani.Il reste que l'opération de cession ne sera pas effective avant le printemps 2009. En attendant, les aléas de FSA devraient continuer d'impacter les comptes déjà mal en point de Dexia. Pis, la cession a beau ne pas avoir été bouclée, le groupe bancaire devra intégrer dès le prochain trimestre une perte supplémentaire de 1,5 milliard d'euros, correspondant à l'écart entre la valeur de FSA inscrite dans les livres de Dexia et son prix de vente. Il faut encore ajouter à cette facture les conséquences de la crise des liquidités au mois d'octobre. Et le coût de la garantie des États belge et français qui s'étaient déjà engagés à garantir les emprunts contractés par la banque à hauteur respectivement de 90 et 55 milliards d'euros. Les prochains mois promettent donc d'être sombres.réduire ses coûtsPour redresser la barre au plus vite, Pierre Mariani a annoncé un recentrage du groupe sur son c?ur de métier, la banque du secteur public et la banque de détail sur ses marchés principaux (France, Belgique et Luxembourg). La petite quarantaine d'implantations restante sera passée au crible de trois critères : les franchises commerciales fortes, la base de financement domestique stable et la rentabilité financière de l'activité. Le groupe envisage en outre de réduire de 15 % ses coûts d'ici trois ans, ce qui représente près de 500 millions d'euros. Ultime signe du recentrage, Pierre Mariani s'est entouré d'une équipe resserrée de banquiers expérimentés. Alors qu'on reprochait à son prédécesseur, Axel Miller, avocat de son état de ne pas être un homme du sérail. « Bankers are back », s'amuse une source proche de Dexia.
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