Sarkozy face à l'épreuve sociale

Décembre 2009. L'année a été éprouvante pour Nicolas Sarkozy. Le chômage frôle les 10 %, le Fonds stratégique d'investissement a pris le contrôle de toutes les banques, nationalisé et fusionné Renault et PSA, sans empêcher la fermeture de trois usines. Le gouvernement Guaino tente sa quatrième relance, après la lourde défaite de l'UMP aux européennes, marquées par une poussée à 20 % du nouveau parti anticapitaliste d'Olivier Besancenot. L'état d'urgence a été déclaré en novembre, après plusieurs nuits d'émeutes dans les banlieues. L'avenue des Champs-Élysées a été pillée « à la grecque » par des casseurs, un dimanche où tous les magasins étaient ouverts, au cours d'une manifestation étudiante?Scénario catastrophe, scénario fiction, bien sûr. Nous ne sommes qu'en décembre 2008 et Nicolas Sarkozy s'apprête à rendre les clés de la PFUE (présidence française de l'Union européenne) au Premier ministre tchèque. Ce n'est pas de gaieté de c?ur que le chef de l'État laisse derrière lui une année à nulle autre pareille. Son activisme a agacé le monde mais forcé le respect. Une guerre en Géorgie, un tsunami financier dont, l'un des premiers, il a senti la dimension et mesuré les conséquences, lui ont permis de gagner ses galons d'homme d'État. Mais comment atterrir désormais sur la scène hexagonale ? Déjà, un deuxième plan de relance est en préparation car, derrière les effets d'affichage (26 milliards d'euros, à peine 4 milliards en réalité), le premier ne suffira pas pour traverser la bourrasque du premier semestre.impatienceAssommé par la récession, le pays est à l'arrêt mais la consommation pourrait tenir le coup. Avec ses filets de protection sociale, la France est mieux préservée que d'autres. Mais Nicolas Sarkozy le sait, en 2009 plus que jamais, il lui faut occuper le terrain, ne jamais donner le sentiment que l'État est immobile, impuissant. Les syndicats, affaiblis, ne parviennent certes pas à mobiliser. Mais le risque d'explosion sociale est important. Une étincelle peut mettre le feu aux poudres. L'école, l'université, sont des foyers de tension avec la jeunesse. Les banlieues attendent leur plan Marshall.Les Français sont impatients de voir les résultats des réformes et leur moral est au plus bas. « On a tous les indicateurs d'un sentiment de révolte, confirme Brice Teinturier, de TNS Sofres. Les courbes du pessimisme collectif et du pessimisme individuel convergent. » La crise a fait naître un désenchantement et un sentiment d'injustice creuse le fossé entre la France d'en bas et celle d'en haut.Tout cela oblige à une grande habileté pour poursuivre la modernisation du pays. Car, c'est presque certain, la crise ne va pas sonner le glas de la rupture. « Si le vélo s'arrête de pédaler, il tombe », diagnostique Brice Teinturier. Certes, 2007 et la première moitié de 2008 ont permis de lancer la quasi-totalité des promesses du candidat à la présidentielle et même au-delà. Prouvant que pour être utile, un quinquennat doit engager sans tarder toutes les réformes. Mais la plupart (détaxation des heures supplémentaires, assouplissement du marché du travail, modernisation de l'économie) ne sont pas adaptées à une conjoncture déprimée. Et les déficits creusent la facture, qu'il faudra assumer en 2012. Surtout, les vraies réformes, celles qui font mal, ont été retardées. Poursuivre la baisse du nombre de fonctionnaires, faire des économies sur les dépenses de santé par temps de crise est délicat. Et les grands maux responsables du déclin français (le coût du travail notamment) n'ont pas été traités à la racine. Certaines réformes lourdes ? la formation professionnelle, la réorganisation du territoire ? se heurtent à de puissantes forces conservatrices. Et le calendrier politique ? élections européennes en juin, régionales en 2010 (ou 2011) ? n'aide pas.2009, une année à oublier déjà ? Plutôt une année où il faut tenir bon, pour espérer la reprise américaine, préparer le sursaut en 2010 et redonner un coup d'accélérateur aux réformes pour 2012.
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