Un régulateur pro-européen

Le nouveau président de l'Autorité des marchés financiers, Jean-Pierre Jouyet, qui prend ses fonctions ce matin, n'aura que peu de temps pour se reposer à l'issue de la très active présidence française de l'Union européenne. Les chantiers qui l'attendent mobiliseront toute l'expérience et les réseaux qu'il a su accumuler au Trésor, dont il fut le directeur, dans le privé comme banquier d'affaires chez Barclay's et comme avocat chez Jeantet Associés, et dernièrement comme diplomate à la tête du ministère des Affaires européennes. Tous ces parcours apparaissent fort complémentaires alors que la régulation des marchés financiers passe aujourd'hui par la coopération internationale. Tous les talents de diplomate du nouveau président ne seront pas de trop pour s'atteler aux grands chantiers de l'AMF. À commencer par l'harmonisation européenne ! Les régulateurs de l'Union fonctionnent encore à la manière d'un club de réflexion sans réelles prérogatives et sans force directrice même si le tissu des directives et des règlements communautaires commencent à densifier le cadre européen. Faire de CESR, le comité de niveau 3 de la régulation des marchés européens, un régulateur à part entière relève du défi quand la place de Londres reste étrangère à l'idée même d'un gendarme paneuropéen. Une nécessité accrue par la multiplication des plates-formes alternatives qui fragmentent les marchés. L'harmonisation appelle également au renforcement des liens au sein même des différentes autorités de tutelle de la finance française : on se souvient l'an dernier de l'exaspération de Michel Prada, le prédécesseur de Jean-Pierre Jouyet quand il a vu l'Autorité de contrôle des assurances et des mutuelles agréer une gamme de produits d'épargne à qui il venait de refuser l'agrément de l'AMF pour cause de trop grande complexité. La mise en ?uvre du projet de réglementation des agences de notation de Charlee McCreeevy, commissaire au marché intérieur, une fois avalisé par le Parlement européen, sera un de ces premiers chantiers de dimension internationale. Plus rapidement encore, l'AMF devra redéfinir le cadre des ventes à découvert. Au-delà de la crise financière, Jean-Pierre Jouyet, devra trouver son propre tempo pour réconcilier l'efficacité d'une autorité au service des grands acteurs de la place et rendre à cette autorité administrative en charge de la défense de l'épargne un peu de la magistrature morale qu'elle a perdue ces dernières années.
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