Difficile reconquête pour une gauche fragmentée

Un Parti socialiste divisé en deux blocs, une guerre des dépouilles avec un Parti communiste moribond et des formations naissantes, des écologistes en embuscade, la gauche va essayer de se réorganiser en 2009, avec les élections européennes de juin en ligne de mire.Martine Aubry, nouvelle première secrétaire du Parti socialiste, est celle sur qui se concentrent l'essentiel des regards. Rue de Solférino, elle a promis une rupture avec les années Hollande (1997-2008) censées incarner l'immobilisme des socialistes. Pour la maire de Lille, il faut que le PS « se remette au travail » et retourne « sur le terrain, aux côtés des Français qui souffrent ». Martine Aubry s'appuiera sur les « nouveaux » visages du PS, et notamment le porte-parole, Benoît Hamon, qui a lancé ce mot d'ordre : « On sort. On se précipite ! » Cet ancrage à gauche sera concrétisé le 31 janvier par un séminaire des cadres du PS sur les réponses à la crise économique et sociale. Mais l'activisme de la nouvelle direction du PS se heurte au malaise persistant suscité par la mise en minorité de Ségolène Royal et de ses partisans. L'image d'un parti « à deux têtes » pourrait persister jusqu'au congrès de 2011, qui verra le parti se doter d'un candidat pour 2012.Cette fragilité du parti pivot de l'opposition décuple les appétits à sa gauche. Mais là aussi, le désordre est de rigueur. Le Parti communiste est exsangue depuis les derniers rendez-vous électoraux. De plus, des anciens « réformateurs », comme l'ex-secrétaire national Robert Hue ou l'ancien ministre Jean-Claude Gayssot, ont pris leurs distances avec une direction qu'ils jugent verrouillée. Le PCF espère toutefois un rebond à l'occasion des européennes en tentant de reconstituer l'arc des « nonistes » du référendum de 2005. Le « Parti de gauche », que l'ex-socialiste Jean-Luc Mélenchon lancera début février, est tenté par cette offre de création d'un « front commun ». Des passerelles pourraient également exister avec le Nouveau Parti anticapitaliste qu'Olivier Besancenot baptisera officiellement début janvier. Mais le porte-parole de la LCR, qui revendique déjà 10.000 adhérents pour son nouveau parti, veut mener sa propre campagne aux européennes.Ce scrutin mobilise aussi les écologistes, qui jouent ouvertement la carte proeuropéenne. Dans un récent sondage Ifop, les listes Europe Écologie conduites par Daniel Cohn-Bendit sont créditées de 11 % des intentions de vote, devant le NPA (8 %) et le PCF et Lutte ouvrière (4 % chacun). Le Parti socialiste fait lui jeu égal avec l'UMP avec 22 % des intentions de vote, bien en deçà du score de 29 % réalisé en 2004. Le cauchemar de Martine Aubry serait de retomber à l'étiage de Michel Rocard en 1994 : la liste de l'ennemi juré de François Mitterrand avait été torpillée par une liste conduite par Bernard Tapie et n'avait obtenu que 14 % des voix? Hélène Fontanaud
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