La valorisation d'Essilor en question

Chassés croisés. En l'espace d'un an, l'indice SBF 120 et l'action Essilor auront eu l'occasion de se rencontrer à trois reprises. Mais le dernier mot est finalement revenu au numéro un mondial des verres et instruments ophtalmiques. Depuis début 2008, son cours de Bourse a devancé de 20 points le marché. Avec comme principale conséquence de voir sa valorisation boursière bondir à des niveaux deux fois plus élevés que la moyenne. Aux environs de 15 fois les bénéfices escomptés en 2009. Dès lors, la question du juste prix se pose et les avis sur le sujet peuvent être partagés. Selon les équipes de HSBC, « une valorisation élevée ne laisse aucune place aux mauvaises surprises ». En l'occurrence, ils craignent que le consensus intègre un « ralentissement trop limité de la croissance organique » pour 2009. Et cela parce que la communauté financière se focaliserait sur « le discours rassurant de la direction en octobre dernier ».« croissance protégée »Les experts visent un taux de progression interne des revenus de 2 % en 2009. Soit un peu plus de la moitié que le chiffre enregistré au titre des neuf premiers mois de l'année 2008. Tout le monde n'est pas de cet avis. « La notion de cherté est relative », considère Gérard Moulin, gérant chez Delubac Asset Management. Et d'ajouter : « Je pense que, compte tenu du manque de visibilité sur les marchés, il vaut mieux privilégier les entreprises ayant des projets susceptibles de générer de la croissance plutôt que celles n'étant pas en mesure de verser un dividende, nécessitant une recapitalisation ou, pire, risquant de faire faillite. » Un analyste partage cet avis : « Je ne vois pas pourquoi la prime accordée par le marché, qui est la même depuis cinq ans, viendrait à se réduire. Surtout dans un contexte boursier où la solidité financière est un bien précieux. » En l'occurrence, le groupe profite du double avantage d'opérer sur un segment d'activité à « croissance protégée », selon les termes de Gérard Moulin, tout en disposant d'une position dominante dans son secteur. « Le groupe écrase la concurrence. Il consacre 4 % à 5 % de son chiffre d'affaires aux dépenses de recherche et développement sachant qu'il génère deux fois plus de revenus que le numéro deux du secteur », rappelle le spécialiste.Il n'empêche que, depuis le début de l'année, le titre Essilor cède plus de terrain que son indice de référence. Peut-être parce que, comme le souligne un observateur, « le manque de visibilité sur le carnet de commandes peut rendre l'exercice de la prévision difficile ».
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