Le brut américain détrôné par les pétroles lourds du Golfe

Les estimations de l'Opep pour 2009 ont pesé sur les prix du brut hier, le contrat de WTI pour livraison en février chutant jusqu'à 33,20 dollars par baril en soirée. Les cours se sont légèrement repris en fin de séance, après une déclaration du nouveau président de l'Opep. Le ministre angolais du pétrole, Botelho de Vasconcelos, a en effet déclaré que son l'organisation n'hésiterait pas à réduire de nouveau ses quotas si nécessaire. Selon des chiffres publiés hier, la demande pour les qualités de pétrole produites par ses treize pays membres devrait se contracter de 4,2 % en 2009, ce qui représente une consommation de 29,5 millions de barils. Une hypothèse qui a accentué le dérèglement des prix internationaux du pétrole, déjà en pleine déroute. Alors que la référence mondiale, le West Texas Intermediate, ne cesse de plonger, les autres variétés de pétrole résistent. Les coupes dans la production de pétrole lourd extrait dans le Golfe renchérissent en effet leur prix. La qualité Murban traitée à Abou Dhabi s'échangeait hier à quelque 44 dollars par baril, le brut d'Oman à 43 dollars, soit une toute petite décote par rapport au brent, un pétrole pourtant plus léger, dont le raffinage est réputé plus simple. Et le brent, issu de la mer du Nord, plus lourd que le WTI et donc de moindre qualité, s'échange ces jours-ci avec une prime de 7 dollars par rapport au WTI, contre seulement 57 cents le 2 janvier. cuves rempliesLa demande de brent se tient parce que celle de WTI s'effondre, les livraisons à Cushing, Oklahoma, devenant impossibles en raison de cuves remplies. Le lieu de négoce du pétrole de référence s'est un peu plus approché de la saturation mercredi, avec des stocks à 33,3 millions de barils, un nouveau plus-haut. Une situation qui incite les opérateurs à faire traverser l'Atlantique au WTI, tout comme le brent le traversait dans l'autre sens il y a deux mois pour rejoindre les côtes américaines. Mais pour les traders, l'opération la plus rentable consiste à immobiliser les tankers. Ainsi Citigroup ou Morgan Stanley affrètent des cargos pour conserver leurs barils?: la courbe des prix sur le marché à terme leur permet d'espérer des profits plus importants d'ici un ou deux mois. Selon Frontline, premier propriétaire de tankers au monde, 80 millions de barils seraient en train de flotter sur les mers actuellement, du jamais-vu depuis vingt ans. La déroute du WTI ? et les arabesques qu'elle entraîne sur le reste du marché du pétrole ? ne devrait toutefois pas être éternelle. En dehors de Cushing, les capacités de stockage des États-Unis ne sont pas pleines, loin de là. « Sur les trois derniers mois, les stocks commerciaux aux États-Unis ont grimpé de 0,3 million de baril, mais de 18 millions de barils à Cushing », constatent les experts de Barclays Capital. Avec 293,6 millions de barils stockés, le premier consommateur au monde présente des provisions inférieures de 40 millions de barils au total constaté mi-2007. Ce qui plaide pour un déséquilibre logistique passager, qui devrait permettre au prix du WTI de se rétablir une fois les stocks consommés. Aline Robert
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