à la tête de Yahoo, Carol Bartz défie les pronostics

Les Experts?, version Sunnyvale », avec Carol Bartz dans le rôle de « l'experte venue dans la Silicon Valley identifier le cadavre et résoudre le crime » résumait Rick Munarriz, analyste chez Motley Fool, alors qu'il commentait les derniers résultats de Yahoo : une perte de 303 millions de dollars au quatrième trimestre 2008. Son conseil à la dirigeante de Yahoo ? « Prends ton temps mais n'attends pas que le corps soit trop froid. »Et Carol Bartz, arrivée à la tête de Yahoo il y a tout juste un mois, ne semble pas pressée. De ses objectifs, on ne connaît pour l'instant que ce qu'elle veut bien dévoiler. Soit pas grand-chose. Elle s'était juste risquée à dire qu'elle n'avait pas d'idées préconçues en acceptant le « job » mais que son objectif n'était pas de dépecer Yahoo. Les analystes pariaient, eux, que sa mission serait de réparer l'erreur de Jerry Yang, le cofondateur débarqué en décembre, et de renégocier avec Microsoft. « Un scénario dont les chances sont aujourd'hui proches de zéro », tranche Jeffrey Lindsay, analyste chez Sanford Bernstein. Elle reconnaît cependant s'être entretenue avec Steve Ballmer, le PDG de Microsoft, mais de manière informelle.Pour Carol Bartz, ce premier mois a été consacré à établir un diagnostic : « rencontrer les équipes de dirigeants et tenter de comprendre la structure et la nature d'un business dont elle ne connaît pas toutes les composantes (on lui reproche notamment son manque de connaissance du marché publicitaire sur la Toile, principale source de revenus du portail Internet) », explique Jeffrey Lindsay. Elle a annoncé un gel des salaires. Et des licenciements massifs sont à prévoir, alors même que le portail vient de se séparer de 10?% de ses salariés. Le salaire de Carol Bartz sera de 1 million de dollars la première année, accompagné de 18 millions supplémentaires en cash et en actions.Connue pour son franc-parler, l'ex-PDG d'Autodesk n'a pas failli à sa réputation en menaçant les salariés qui osaient partager avec l'extérieur ses courriels au personnel de « mettre leur tête à prix ». L'un des mémos obtenus par « La Tribune » fait part de ses premières impressions : « Trop de réunions, trop de gens qui font le même travail, un processus de décision trop lent lié au fait que trop de monde doit être consulté pour aboutir à une décision. » Son ton est informel. Dans un mémo, elle promet d'instaurer des réunions « entre les abeilles ouvrières et la reine » qu'elle propose de baptiser « café avec Carol ».Carol Bartz s'est avant tout fixé pour objectif de trouver de nouvelles sources de revenus. Yahoo vient d'annoncer que l'utilisation de Boss (« Bring your own search service »), moteur de recherche personnalisé destiné aux développeurs, sera désormais facturée au delà des 10.000 recherches. Et elle a également promis de s'intéresser de près au marchés émergents, où Yahoo ne peut que renforcer sa présence. « Des acquisitions sont également à prévoir si Yahoo veut innover », note Jeffrey Lindsay. Le groupe vient d'annoncer le lancement de « Search Pad », un bloc-notes accessible depuis le moteur de recherche, susceptible de concurrencer « Google Notebook ».Les premières décisions fortes de la nouvelle manager pourraient tomber bientôt. La rumeur fait état d'un allégement de l'organigramme. La semaine dernière, Carol Bartz a convoqué tous les dirigeants du groupe à une réunion au sommet, étalée sur deux jours. Rien n'a filtré. Mais l'ambiance est aux départs. Microsoft vient de débaucher Larry Heck, chargé de la recherche pour Yahoo Labs. Il s'agit du troisième dirigeant de Yahoo qui rejoint en l'espace de quelques semaines les rangs du géant des logiciels.
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