Un hôpital suédois à l'épreuve de la récession

Eva Hakansson, 54 ans, infirmière au service de réanimation néotale de l'hôpital universitaire Karolinska à Stockholm, n'a toujours pas digéré la nouvelle. Il y a quelques semaines, elle apprenait la suppression de 900 postes dans son établissement. « La plupart ne comprennent pas comment ces réductions d'effectifs vont pouvoir se faire car, dans bien des services, nous sommes déjà en sous-effectifs », se plaint l'employée, membre du syndicat Vardförbundet. Plombés par des déficits récurrents, les comptes de Karolinska devraient une nouvelle fois être dans le rouge en 2009, avec un trou estimé à 170 millions de couronnes (16 millions d'euros). Pour 2010, la direction table sur un manque à gagner de près de 43 millions d'euros.Exclusivement financé par le contribuable, via le conseil général de la région de Stockholm, l'hôpital Karolinska subit de plein fouet la récession qui touche le pays. « Cette situation est en partie due à la dégradation de l'économie en Suède et au fait que les recettes fiscales du conseil général vont baisser jusqu'en 2011 selon les prévisions, explique Birgir Jakobsson, le directeur de Karolinska. Les fonds que nous avons reçus pour 2009, environ un demi milliard de couronnes (50 millions d'euros), ne suffisent d'ailleurs pas pour couvrir les coûts que nous avons aujourd'hui. »Décision rarissimeLassée de constamment renflouer les comptes de l'hôpital public, l'un des plus importants en Europe avec ses 15.000 employés, la classe politique locale a donc sommé la direction de prendre des mesures drastiques. C'est ainsi que Karolinska a dû se résoudre, à l'instar d'autres hôpitaux universitaires du pays, à licencier du personnel. Une mesure rarissime qui souligne l'ampleur de la crise. « Une mesure d'urgence », regrette Eva.Alors que la Suède vit au rythme de l'annonce des suppressions d'emplois ? le taux de chômage devrait grimper à 8,5 % l'an prochain, contre 6,4 % actuellement ?, le gouvernement doit par ailleurs faire face à un risque de déflation. Dans un récent rapport, le Fonds monétaire international jugeait l'économie suédoise comme étant la quatrième plus vulnérable au monde face au risque d'une baisse durable de l'indice des prix, derrière le Japon, les États-Unis et Taiwan. Si la menace déflationniste venait à se préciser, c'est une panne de l'investissement qui guetterait alors le royaume scandinave, ce qui aurait pour conséquence de retarder encore un peu plus le retour à la croissance.Sébastien Buffet, à Stockholm
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