Gordon Brown joue son va-tout politique

Il a mis la barre très haut, jouant une partie de son avenir politique dessus. En promettant un « new deal global » pour la finance internationale, Gordon Brown joue le tout pour le tout avec le sommet du G20, le 2 avril à Londres. Plus une journée ne se passe sans que le Premier ministre britannique ne travaille à ce gigantesque effort de coordination mondial. Samedi, il a rencontré Angela Merkel, la chancelière allemande, et Hans-Rudolf Merz, le président de la Confédération helvétique, pour faire avancer le dossier, tandis qu'il rencontre aujourd'hui José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne. « La réunion du G20, on ne pense qu'à ça », témoigne un diplomate britannique. Gordon Brown a été ministre des Finances pendant dix ans, il connaît tous les sujets. « Les réunions s'enchaînent actuellement : les sherpas du G20, le week-end dernier, et les ministres des Finances, ce week-end à Londres, l'Eurogroupe et l'Ecofin à Bruxelles, la semaine passée? » En élevant autant les espoirs, Gordon Brown risque pourtant de subir un grave échec. Le G20 finance de ce week-end l'a prouvé : la coordination internationale est, certes, réelle, et les avancées sur les paradis fiscaux par exemple étaient inenvisageables il y a un an ; mais les vingt premières économies de la planète demeurent très loin d'un grand accord global sur les régulations financières. une situation désespéréeLe problème est que Gordon Brown n'a guère le choix. Après un léger rebond dans les sondages cet hiver, il est de nouveau dans une situation politique désespérée, avec une quinzaine de points de retard sur les conservateurs. Les prochaines élections générales sont prévues au plus tard en juin 2010, et l'Écossais est en passe de subir une humiliante défaite. Son seul espoir est l'économie. Passionné par le sujet, dévorant les livres de théorie économique en vacances, le leader britannique connaît par c?ur les institutions financières internationales et préconise depuis longtemps leur réforme. S'il n'a guère de goût pour la diplomatie internationale « traditionnelle », n'évoquant que rarement l'Irak ou l'Afghanistan, il est comme un poisson dans l'eau en discutant mondialisation et développement des pays pauvres. Certes, ayant été chancelier de l'Échiquier pendant dix ans, il est largement tenu responsable par ses concitoyens de la crise qui secoue actuellement la Grande-Bretagne. Sur ce sujet pourtant, les Tories n'ont guère de propositions concrètes et sont devenus quasiment inaudibles. Le G20 offre donc à Gordon Brown une rare chance de briller. Mais le risque politique est immense. E. A., avec Éric CholC. BIBBY/Financial Times-REA
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