Skype poursuivra sa croissance hors du giron d'Ebay

C'est officiel. Le géant américain des enchères en ligne Ebay va se séparer de sa filiale de téléphonie sur Internet Skype, en l'introduisant en Bourse au premier semestre 2010. Il l'avait achetée en 2005 au prix généreux de 2,6 milliards de dollars, arrondi à 3,1 milliards deux ans plus tard. Il espère bien que la société, qui propose un logiciel à télécharger gratuitement pour réaliser des appels sans frais ? ou bon marché ? depuis son ordinateur, en vaudra au moins autant à la mi-2010. À moins qu'un acquéreur ne se présente : on pense à Microsoft ou Google. Les fondateurs de Skype, les Suédois Niklas Zennstrom et Janus Friis, envisageraient un rachat avec l'aide de fonds d'investissement. Aujourd'hui, Skype ne réalise que 6 % des ventes d'Ebay et ne vaut que 1,7 milliard de dollars dans ses comptes. Le groupe californien en a déprécié la valeur de 1,4 milliard en 2007. Au moment du rachat, la patronne d'Ebay de l'époque, Meg Whitman, avait cru que les acheteurs et les vendeurs du site d'enchères en ligne communiqueraient par Skype. Mais pour son successeur, John Donahoe, « il est clair que Skype a des synergies limitées avec Ebay et PayPal », son système de paiement en ligne.400 millions d'utilisateursPlus grosse acquisition réalisée par Ebay, la société s'est toutefois révélée rentable et en forte croissance. Fondé en 2003, Skype a vu rapidement exploser le nombre de ses utilisateurs : 80 millions début 2006 ; 400 millions aujourd'hui, à raison de 350.000 nouveaux adeptes par jour. Mais ce sont les services gratuits ? appels téléphoniques et vidéo de PC à PC dans le monde entier, messagerie instantanée, etc. ? qui les ont séduits. En termes de trafic, Skype achemine 8 % de l'ensemble des appels internationaux, et il est devenu leader de ce segment. Les services payants, tels que la messagerie vocale, les SMS, les appels vers les mobiles ou les lignes fixes, ont mis plus de temps à décoller. Mais Skype, rentable depuis 2007, a dégagé l'an passé une marge d'exploitation de 20 % pour un chiffre d'affaires de 551 millions de dollars, en croissance de 44 %. Il tire ses revenus pour l'essentiel d'Europe, où il compte 148 millions d'utilisateurs contre 52 millions en Amérique du Nord. Son objectif est de doubler son chiffre d'affaires d'ici à 2011 : « Pour devenir un business de 1 milliard de dollars, il suffit que nos utilisateurs payants actuels passent juste un appel de plus par jour », fait valoir Josh Silverman, le patron de Skype. La société entend aussi diversifier ses recettes au-delà du PC, sur tout type de terminal connecté. Un premier « Skypephone » développé par l'opérateur « 3 » (groupe Hutchison) est sorti fin 2007 au Royaume-Uni et en Italie, et se serait écoulé à 500.000 exemplaires. Nokia, le premier fabricant mondial de mobiles, va intégrer Skype dans ses modèles haut de gamme. Skype vient aussi de lancer une application pour l'iPhone d'Apple, utilisable en wi-fi, téléchargée par 2 millions de personnes en dix jours ; celle pour BlackBerry suivra en mai. Mais les opérateurs télécoms, craignant la cannibalisation de leurs recettes, sont méfiants : T-Mobile a bloqué l'usage de Skype sur l'iPhone en Allemagne.
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