L'appétit pour le risque à l'épreuve des faits

L'optimisme des investisseurs est mis à l'épreuve. Jusqu'en début de semaine, le sommet du G20, des indicateurs économiques moins mauvais que prévu et des résultats de banques meilleurs qu'attendu ? notamment ceux de Wells Fargo ou de Goldman Sachs ? avaient alimenté l'espoir d'un rebond durable des marchés. Mais mardi soir, les ventes au détail américaines ont gâché la fête. De même que le déclin plus important que prévu de la production industrielle de mars. C'est le cinquième mois consécutif de baisse. Surtout, il s'agit de la performance trimestrielle la plus faible depuis 1975?: au premier trimestre, la production industrielle s'est contractée de 20 %. Le fléchissement des prix à la consommation est lui aussi historique?: le taux d'inflation, passé de 0,2 % à ? 0,4 % entre février et mars, est devenu négatif pour la première fois depuis les années 1950. Enfin, la perte trimestrielle de 1,7 milliard de dollars d'UBS rappelle opportunément que le secteur financier est loin d'être tiré d'affaire. Dans ce contexte, le résultat des «?tests de résistance?» (stress tests), auxquels ont été soumises les dix-neuf principales banques américaines, est attendu avec impatience par les opérateurs de marché. « Google recense 12,5 millions d'occurrences pour le terme anglais ?green shoots economy? [embellie économique] contre seulement 1,5 million de références pour ?bear market rally? [rebond dans un marché baissier], mais les derniers indicateurs précurseurs de l'OCDE nous portent à croire que la première option est surestimée », préviennent les stratèges taux de la Société Généralecute; Générale dans une note de recherche. baissiers sur le dollarMais visiblement, les opérateurs ont retrouvé un certain goût du risque. L'indice de volatilité des actions américaines reste en dessous de 40 %. Et sur le marché des changes, la livre sterling a franchi le seuil de 1,50 dollar pour la première fois depuis trois mois. Selon un sondage de Bloomberg, à un horizon de six mois, les cambistes sont à nouveau baissiers sur le dollar, la valeur refuge par excellence du marché des changes. Cela n'était plus arrivé depuis janvier.D'autres valeurs refuges gardent cependant les faveurs des investisseurs. C'est le cas des emprunts d'État, soutenus par les politiques d'assouplissement quantitatif et par les chiffres d'inflation. Aux États-Unis, les derniers flux de capitaux indiquent que la Chine et le Japon continuent à amasser des «?treasuries?». En Allemagne, hier, la chute des prix de gros (la plus forte de ces 22 dernières années) a tiré les taux longs vers le bas. En deux séances, le rendement du bund allemand à 10 ans, qui tient lieu d'emprunt de référence de la zone euro, s'est détendu de 10 points de base à 3,15 %. La persistance de taux bas permet aux Trésors de réaliser des opérations intéressantes pour les finances publiques. Hier, le Trésor américain a ainsi annoncé qu'il allait rembourser par anticipation des obligations à 30 ans émises en 1984 avec un coupon de 12,5 %. De quoi faire des économies substantielles. Réémettre de la dette à 5 ans permettrait d'économiser environ 2 milliards de dollars sur les charges d'intérêt.
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