Qu'ont-ils donc en tête ces nouveaux auteurs à nous embarquer, dès leur premier roman, au c?ur de la souffrance humaine ? Il y a quelques mois, nous saluions le jeune prodige américain Stefan Merrill Block qui, à 26 ans, construisait une solide intrigue sur le difficile thème de la maladie d'Alzheimer (« le Roman de l'oubli », paru chez Albin Michel). prix strega 2008Voici maintenant l'Italien Paolo Giordano, lui aussi 26 ans, qui signe un bouleversant roman à deux voix abordant sans complexe les problèmes de l'anorexie, de l'autisme ou de la précocité. « La Solitude des nombres premiers » s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires en Italie et a remporté le prix Strega 2008 (l'équivalent de notre Goncourt).Nul doute que la balade bancale d'Alice et de Mattia séduira aussi les lecteurs français. Le roman s'ouvre sur le traumatisme qui va bouleverser leur vie. Victime d'un grave accident de ski, Alice survit dans la haine d'un père étouffant. Mattia vit dans la culpabilité depuis la disparition de sa s?ur jumelle autiste. Pas de doute, ces deux écorchés vifs devaient se retrouver pour s'épauler le long d'une adolescence puis d'une vie d'adulte semée d'embûches. Ce ne sera pourtant pas l'amour qui les sauvera, mais un autre genre de relation que Paolo Giordano décrit parfaitement : « Ils s'étaient construit une amitié bancale et asymétrique, composée de longues absences et de grands silences, un espace vide et propre, où ils avaient tout loisir de reprendre haleine quand les murs du lycée se rétrécissaient au point de les étouffer. »Le style du jeune romancier italien est sec et précis, sans fioritures. Il aborde de plein front les drames familiaux les plus sombres sans pathos ni sentimentalisme. Son roman est une vibrante mise en accusation d'une société qui ne prend pas en compte la diversité et la différence.L. P. « La Solitude des nombres premiers », de Paolo Giordano. Seuil, 330 pages, 21 euros.

latribune.fr

28 Avr 2009, 3:10

Partager :