Capitale européenne 2009 de la culture, Vilnius veut y croire

Simon Rees ne perd pas son sens de l'humour. « Le jour où nous avons inauguré l'exposition baptisée ?Code Share?, sponsorisée par plusieurs compagnies aériennes, la compagnie nationale, FlyLAL, a annoncé qu'elle était en faillite et qu'elle cessait ses vols », raconte le commissaire de l'exposition du centre d'art contemporain de Vilnius. Depuis, la capitale de la Lituanie ne bénéficie plus de vols directs. Cela n'empêche pas Vilnius, capitale culturelle européenne pour 2009 avec Linz, en Autriche, d'y croire.Certes, le budget des événements, qui équivalait à l'origine à 30 millions d'euros, a été quasiment divisé par deux, en raison de la crise économique qui frappe les pays baltes. Financé en partie par l'Union européenne, mais aussi des fonds privés sous forme de sponsoring (dont ceux de la société JC Decaux ou de L'Oréalcute;al) ou de financements directs (la Comédie-Française a payé en partie la venue de la troupe, pour des représentations des « Précieuses Ridicules »), le budget reposait évidemment aussi sur une participation lituanienne. « Sur les 12 millions d'euros prévus, nous n'en avons reçu que 7,2 de la part du gouvernement », regrette ainsi Sandra Adomaviciuté, la directrice des programmes. Même chose de la part de la municipalité. Au lieu des 2,3 millions d'euros, elle n'a versé que 1,36 million.un seul concertDu coup, le programme culturel a dû être réduit d'un quart. Les événements internationaux, régis par des contrats, sont maintenus, même si au lieu de plusieurs concerts, un seul aura lieu. « Mais nous tenons à garder les programmes gratuits pour la population locale, précise Sandra Adomaviciuté. Car c'est ce qui égaie leur vie en ce moment. En période de crise, redonner confiance est crucial. »Le gouvernement lituanien, qui doit faire face à un lourd déficit budgétaire, a aussi décidé des hausses d'impôts. Ce qui touche en particulier les artistes, puisque les droits d'auteur, fiscalisés à hauteur de 15 % à l'origine, sont maintenant assujettis à un taux de 19 %. Ajouté à un relèvement des contributions sociales, cela implique, pour les amis violonistes de Philippe Graffin, un artiste français qui s'est produit sur place, une perte substantielle de revenus.Malgré ses déboires actuels, Vilnius espère tout de même bénéficier à terme de son statut de capitale culturelle européenne. La ville rêve d'un futur digne de Bilbao, grâce à la construction du nouveau musée Guggenheim Hermitage, conçu par la star britannique de l'architecture, Zaha Hadid, et qui devrait être terminé en 2013. Il abritera, entre autres, l'une des plus grandes collections du mouvement Flexus, dont le fer de lance est le cinéaste Jonas Mekas, d'origine lituanienne. Pour l'heure cependant, la Lituanie pourrait, comme sa voisine la Lettonie, devoir faire appel au Fonds monétaire international pour lui venir en aide et sauver non pas la culture, mais l'activité du pays tout entière. Lysiane J. Baudu, à Vilnius.
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