L'Allemagne veut croire à la reprise

Là où croît le danger, s'approche aussi le salut. » Jamais la phrase du poète allemand Hölderlin n'aura été aussi à propos pour décrire la situation économique de sa patrie. Car alors même que la première économie européenne affiche des performances inquiétantes, un vent d'optimisme commence à souffler outre-Rhin. Le PIB allemand a pourtant fondu de 3,8 % sur les seuls trois premiers mois de l'année. Du jamais-vu depuis la mise en place des données trimestrielles en 1970. Sur un an, le recul du PIB à prix constant est de 6,7 %. La prévision gouvernementale d'un recul sur 2009 de 6 % de l'activité semble donc de plus en plus crédible. Et si on ne connaîtra le détail de ce chiffre que le 26 mai, les économistes avancent déjà trois facteurs déterminants (lire ci-contre) : les stocks, l'investissement et le commerce extérieur. L'Allemagne, championne du monde des exportations, a d'abord souffert ? et souffre encore ? du recul de la demande industrielle extérieure. Mais la crise s'est insinuée au c?ur même de l'économie. Les entreprises ont cessé d'investir et de produire et ont vidé leurs stocks en attendant des jours meilleurs. La production industrielle était, en mars dernier, inférieure de 14 % à celle de décembre et les plans de chômage partiel se multiplient.retournement en marcheMais le salut ? Il est sur la bouche de tous les économistes, qui ont en ch?ur affirmé que l'économie allemande avait touché le fond au cours de ce terrible premier trimestre. Et du coup, tous estiment que la stabilisation, voire la reprise, est en cours. La hausse de la composante « perspectives » de l'indice Ifo du climat des affaires ces derniers mois tend à leur donner raison. D'autant qu'un signe concret est apparu : la première hausse mensuelle des prises de commandes à l'export dans l'industrie (+ 5,6 %) depuis août et la plus forte depuis juin 2007. Bref, le retournement est en marche, mais il reste fragile et sera progressif. Certains économistes, comme celui de la Commerzbank, ne prévoient pas de hausse trimestrielle du PIB avant la fin de l'année. Et Costa Brunner, économiste chez Natixis, s'interroge sur les conséquences, l'an prochain, de l'atténuation des effets des plans de relance et de la hausse du chômage sur la consommation (lire ci-contre). Il n'exclut d'ailleurs pas une deuxième récession, certes plus douce, en 2010. Plus généralement, il juge que dans les quatre à cinq prochaines années, l'économie allemande restera sous la menace d'un durcissement monétaire qui répondrait à une inflation alimentée par l'actuelle générosité des banques centrales. Il faudra donc beaucoup de temps pour combler l'effondrement conjoncturel que l'on vient de vivre. Les économistes d'Allianz considéraient ainsi récemment que si, historiquement, il fallait le temps de la récession au PIB pour retrouver son niveau précédent, ce ne sera pas le cas cette fois. En un an, estimaient-ils, on aura à peine réalisé la moitié du chemin.
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