Eggleston, l'inventeur de la couleurExposé à la Fondation Ca...

Eggleston, l'inventeur de la couleurExposé à la Fondation Cartier à Paris, William Eggleston a révolutionné l'histoire de la photo et imposé les images en couleurs comme des ?uvres d'art.New York, 1976. Les visiteurs du Moma sont en ébullition. Dans leur ligne de mire?: l'exposition du photographe William Eggleston. Et pour cause?! Contrairement à ses aînés, ce dernier tourne le dos au noir et blanc au profit de la couleur, jusque-là reléguée à la publicité et à la mode. Que du très vulgaire en somme. Alors comment expliquer que le Moma expose ces tirages comme s'il s'agissait d'?uvres d'art?? Pire encore, qu'il fasse la part belle aux images de cet Eggleston ? auquel la Fondation Cartier à Paris rend hommage à travers l'exposition de ses dernières photos parisiennes ? représentant le quotidien dans ce qu'il a de plus banal. Parmi elles, des portraits semblables à des photos d'amateur, la photo d'un tricycle stationné devant un pavillon de banlieue, saisi au ras du sol. Ou encore celle d'un distributeur de bouteilles de soda.Record de ventesMoins de trente-cinq ans plus tard, le même Eggleston atteint des sommets en salle des ventes. En octobre dernier, un vintage (tirage d'époque) de 30,2 x 45,4 cm, issu de la série « Los Alamos » réalisée entre 1965 et 1974, figurant une Afro-Américaine cheminant sur une route de province dans une robe verte, s'envolait à 840.000 dollars (626.724 euros) chez Christie's à New York. Tiré à sept exemplaires, il avait été estimé entre 350.000 et 500.000 dollars. Né en 1939 dans le Tennessee, Eggleston a découvert la photographie à l'université au début des années 1960. Et dès 1966, il abandonne le noir et blanc pour la couleur. Très vite, le jeune homme se focalise sur les habitants, les véhicules ou les maisons des banlieues du sud des États-Unis. Il ose aussi des cadrages inédits, saisit les longues voitures américaines de ces années-là, des barbecues, des climatiseurs abandonnés ou de vieux pneus, comme autant de témoignages d'une société engluée dans la consommation. On est loin, ici, du Sud flamboyant des confédérés et de Scarlett O'Hara. Eggleston photographie au contraire un monde déchu aux couleurs fanées. À y regarder de plus près, il y a quelque chose de très menaçant dans ces photos dont on croirait que David Lynch s'est inspiré pour l'esthétique de ses films. Une inquiétude accentuée par la technique de tirage du « dye-transfer » inégalée au niveau de la qualité et du rendu des couleurs. En témoigne cette célèbre image baptisée « Red Ceiling » au rouge d'une densité semblable à celle du sang. Car la couleur est devenue au fil des ans le sujet même des photos d'Eggleston, pour certaines complètement abstraites. Depuis le boom pour la photographie survenu au mitan des années 1990, la valeur de ces tirages n'a cessé d'augmenter. Elle reste cependant « raisonnable » pour un artiste de cette stature ayant joué un rôle majeur dans l'histoire du média. Certes, les prix des vintages les plus anciens, édités à peu d'exemplaires, explosent et descendent rarement à moins de 60.000 dollars. Mais les réimpressions d'images anciennes réalisées au cours des cinq dernières années (sous contrôle de l'artiste) sont vendues en galerie entre 20.000 et 45.000 dollars. Mais en cette période de crise, il est possible de les avoir pour moins cher (autour de 10.000 dollars) en salle des ventes. Attention, cependant, aux tirages chromogéniques, souvent cédés à moins de 5.000 dollars. Contrairement aux « dye-transfers », ils sont instables et se conservent bien moins longtemps. Yasmine Youssi
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