Guerre du lait : soigne ta marge !

Les vieux réflexes ont la vie dure. Dans le triangle formé par l'État, la grande distribution et ses fournisseurs, qu'ils soient industriels ou agriculteurs, ils tournent même à la sclérose. Ressusciter « l'Observatoire des prix et des marges », mettre sur pied une « brigade de contrôle » pour en finir avec la crise du lait nous renvoient aux temps anciens d'avant Raymond Barre, René Monory et Édouard Balladur. À une époque où la puissance publique disait le bien et le mal, décidait du prix du pain ! Depuis l'ordonnance du 1er décembre 1986, ce ne devrait plus être le cas. Mais, cédant à des vents contraires, les gouvernements ont repris l'habitude de s'immiscer dans les rapports fournisseurs-distributeurs. En 1996, la réforme Galland invente la lutte contre les prix « abusivement bas ». Il s'agit alors de protéger les PME en combattant les « prix de prédation » pratiqués par la grande distribution. La loi y réussit si bien qu'il sera nécessaire, douze ans plus tard, de faire machine arrière. De rendre un peu de marge de négociation à la distribution. Il s'agit alors de redonner du pouvoir d'achat aux Français. Aujourd'hui, nouveau coup de volant de nos Fangio de Bercy. La grande distribution est accusée, par les agriculteurs, de soigner ses marges. Et l'État de ressortir ses vieilles recettes, dont on sait déjà qu'elles seront soit contre-productives, soit inopérantes puisqu'elles ne répondent pas au problème posé. La crise du lait, c'est la suppression des quotas laitiers et l'interdiction des accords interprofessionnels sur les prix. Deux mesures auxquelles on doit surproduction et effondrement des cours. Quant à la toute-puissance de la grande distribution, on la doit à l'oligopole des grandes enseignes engendré par les lois malthusiennes (Royer et Raffarin) sur l'urbanisme commercial. En janvier, on créait en grande pompe l'Autorité de la concurrence. L'aurait-on déjà oublié ? [email protected] gay
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