Attendre le retour de la croissance pour traiter les déficits ? .

La crise économique va fragiliser la Sécurité sociale, dont le régime général devrait afficher cette année un déficit sans précédent de 20,1 milliards d'euros, selon les prévisions de la Commission des comptes de la Sécurité sociale (CCSS). « Notre priorité aujourd'hui est de garantir le financement de la Sécurité sociale, garantir que toutes les prestations seront versées à temps malgré l'ampleur des déficits », a déclaré le ministre du Budget, Éric Woerth, en soulignant toutefois que « la moitié de ce déficit est un déficit de crise ». Le chômage a notamment provoqué une chute très rapide de la masse salariale ? et donc des cotisations sociales ? qui s'est traduite par un total de 8 milliards d'euros de recettes en moins pour 2009.L'assurance-maladie est la plus durement touchée, avec un déficit de 9,4 milliards d'euros (dont 4,5 milliards « dus » à la crise) ; pour la branche famille, la crise serait à l'origine de 2 milliards sur les 2,6 milliards de déficit. La branche vieillesse s'en sort relativement mieux : la crise n'expliquerait que 30 % du déficit, et l'augmentation des prestations de retraite commencerait à s'infléchir (+ 4,9 % au lieu de + 6 % par an depuis 2005), en raison de la baisse des départs en retraite anticipée.La question clé est de savoir comment le gouvernement financera les déficits accumulés par le régime général pendant la crise, en 2009 et en 2010, soit un total estimé à plus de 40 milliards d'euros. Hier, Éric Woerth a annoncé qu'il n'y aurait ni mécano opaque, ni reprise de la dette sociale par l'État, ni création de structure pour reprendre la « dette de crise », comme cela avait été un temps envisagé, mais simplement une hausse des capacités de découvert de l'Acoss, la banque de la Sécu. Le gouvernement va ainsi « relever par décret le plafond de trésorerie de l'Acoss : il était de 18,9 milliards d'euros, nous l'augmenterons de près de 10 milliards d'euros d'ici début octobre », a-t-il précisé. Anticipant un autre relèvement du plafond de découvert l'an prochain, le ministre a ajouté que « pour passer le cap difficile de l'année 2010, nous veillerons à ce que l'Acoss dispose des moyens de trésorerie nécessaires ».deux difficultésLe gouvernement choisit donc de ne pas utiliser la Caisse d'amortissement de la dette sociale (Cades), créée pour reprendre les déficits de la Sécu, car cela supposait d'augmenter la taxe CRDS. L'amortissement des déficits cumulés est donc reporté à plus tard « quand le retour de la croissance le permettra ». Restent deux difficultés : les frais financiers seront très lourds pour l'Acoss et la Caisse des dépôts (CDC), qui finance en grande partie la banque de la Sécu, renégocie actuellement ses conditions et ses volumes d'emprunt.Le plus ardu sera toutefois de réduire les déficits une fois la crise passée. « Le ralentissement économique des années 2002-2003 avait creusé un déficit d'une dizaine de milliards d'euros, qui a ensuite été seulement stabilisé dans la phase ascendante du cycle économique. Le risque est que de nouveaux paliers de déficits [?] soient franchis en 2009 et 2010 », s'inquiète le secrétaire général de la CCSS, François Monier. Véronique Chocron
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.