Les Bric restent actuellement très dépendants du dollar

La croisade antidollar menée à l'initiative de la Chine par les grands pays émergents ne doit pas faire illusion. Étant donné leur engagement massif sur les titres libellés en dollars, les plus liquides du monde, Chine, Russie, Brésil et Inde cherchent certes une parade à une hypothétique reprise de la baisse du billet vert. De là à imaginer que le système monétaire international puisse tourner la page de 65 ans d'hégémonie du roi vert n'est que pur fantasme. Le remplacer par une monnaie synthétique telle que les DTS du Fonds monétaire international, le yuan qui n'est même pas convertible, ou le rouble, tient de la même utopie. Le ministre russe des Finances, Alexeï Koudrine, a d'ailleurs affirmé hier qu'il n'y avait pas d'alternative possible au dollar dans les réserves mondiales de change. Mais les Bric veulent faire entendre leur voix pour se faire admettre dans le club des grands de ce monde. Pour y parvenir, ils ont choisi le thème hypersensible de la monnaie, par laquelle ils ont souvent eux-mêmes été attaqués. À commencer par la Chine, accusée de manipuler son yuan par l'équipe Obama dans les heures qui ont suivi l'investiture du nouveau président des États-Unis. En vérité, les Bric sont lourdement tributaires de la devise américaine et le resteront longtemps. La « bande des quatre » a encore accru ses réserves de change de 60 milliards de dollars en mai (réserves qui totalisent 2.800 milliards de dollars), et augmenté ses achats de bons du Trésor américain dans les proportions les plus importantes depuis la faillite de Lehman Brothers en septembre. Malgré sa volonté affichée de diversifier ses réserves qui frôlent les 2.000 milliards de dollars (dont 768 en bons du Trésor américain), la Chine n'a fait son lit ni à l'euro, ni au yen, ni à la livre. Forte de 400 milliards de dollars de réserves, la Russie aurait engrangé au moins 140 milliards de dollars de titres de la dette américaine. Les proportions seraient analogues pour l'Inde, qui détient 250 milliards de dollars de réserves, et le Brésil, dont les coffres en recèlent 188 milliards. Les Bric disposent d'une arme de chantage. Mais ils doivent l'utiliser avec parcimonie?Isabelle Croizard
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