Un impact économique très difficile à chiffrer

Au regard des prévisions alarmistes des experts de la santé, on peut légitimement s'attendre à ce que cette pandémie ait des répercussions économiques, enfonçant un peu plus l'économie française dans la récession cette année. Selon eux, un Français sur quatre, voire un Français sur deux, dans les hypothèses les plus pessimistes, contracterait la grippe A cet automne. Reste à connaître de quel ordre serait cet impact.Dans l'entourage de Christine Lagarde, on admet avoir déjà passé au crible le risque de pandémie. La Direction générale du Trésor et de la politique économique (DGTPE) a en effet échafaudé plusieurs scénarios en fonction du niveau de contagion. Quelles sont ses conclusions ? Pour éviter tout catastrophisme, le ministère de l'Économie préfère rester discret sur les résultats obtenus par la DGTPE. « Ce n'est pas un sujet tabou, mais compte tenu des nombreuses incertitudes entourant une éventuelle propagation de ce virus, notamment sur sa vitesse, il est extrêmement difficile d'établir des prévisions chiffrées », explique-t-on à Bercy qui consent néanmoins à communiquer sur les canaux de transmission d'une pandémie à l'économie.Les facteurs de production seraient naturellement touchés, et en particulier l'emploi, à cause des arrêts maladie, des congés forcés. L'investissement ne serait pas épargné, les conditions de financement devenant plus difficiles en raison de l'augmentation mécanique de la prime de risque. Enfin, les déplacements de personnes mais également de marchandises devraient se compliquer en raison de la pression sanitaire. La demande des ménages serait-elle touchée ? « Il faudrait vraiment que la pandémie soit forte pour que les ménages ne fréquentent plus les magasins. Il faut bien se nourrir », explique-t-on au ministère où l'on estime également que seule une crise sanitaire intense pourrait peser sur le commerce extérieur.comparaison impossibleCe ne sont pas les seules raisons expliquant la discrétion de Bercy. L'absence d'éléments de comparaison est également avancée. Ainsi, l'épidémie de grippe aviaire, qui avait surtout frappé le continent asiatique en 2003, n'avait eu qu'un impact économique limité sur l'activité des pays les plus touchés, ne leur ôtant que 0,1 ou 0,2 point de croissance selon les experts de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Ce n'est pas tout. Au-delà du coût des achats de vaccins de la part de l'État (1 milliard d'euros), et des frais de soins qu'une crise sanitaire majeure engendrerait, il est aussi évident que les finances publiques ne sortiraient pas indemnes, toute baisse de l'activité économique se traduisant par une baisse des recettes fiscales. Fabien Piliu
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