« Nous sommes prêts pour un 3e EPR »

Gérard mestrallet, PDG de GDF SuezQuel bilan tirez-vous à l'issue de la première année d'existence de GDF Suez ?L'année qui vient de s'écouler était très particulière. Deux mois après la constitution du groupe, la banque Lehman Brothers faisait faillite. Cinq mois plus tard, l'événement que l'Europe entière craignait s'est produit : la Russie a stoppé ses livraisons de gaz en plein record historique de consommation en France. Ces événements exceptionnels ont permis de vérifier la robustesse de GDF Suez. Nous avons démontré notre capacité à réagir très vite en étant, par exemple, la première entreprise à rouvrir le marché obligataire. Avec 12 milliards d'euros collectés sur les marchés, nous avons été le plus gros émetteur. Nous avons même rouvert le marché obligataire pour les particuliers belges et luxembourgeois en émettant 750 millions d'euros en janvier dernier, sur un marché six fois plus petit que la France. Quant à la crise russe, la mobilisation exceptionnelle de toutes nos équipes a permis aux Français de ne pas manquer de gaz. La fusion a permis au groupe d'être moins dépendant du gaz russe.La crise économique vous a-t-elle obligé à revoir vos ambitions à la baisse ?La crise n'a épargné personne mais les événements récents ont permis de renforcer la logique industrielle du groupe. Ainsi, nous avons décidé de tenir le cap et notre stratégie à long terme. Nous avons confirmé un programme d'investissement de 30 milliards d'euros sur trois ans. Le groupe a recruté en 2008 près de 32.000 personnes, dont 13.000 en France. Cette dynamique de recrutement va se poursuivre presque au même rythme dans les années à venir.Comment se déroule l'intégration des équipes ?Dès les premières semaines de la fusion en juillet 2008, nous avons annoncé une rafale de bonnes nouvelles : le rachat du premier producteur d'électricité à Singapour, de gros contrats gagnés à Bahreïn et Abu Dhabi, des acquisitions aux États-Unis et en Turquie? Ces signatures nous ont permis de montrer que le nouveau groupe allait de l'avant. Jean-François Cirelli et moi-même veillons au quotidien à ce que cette intégration se déroule dans une très bonne atmosphère. Cet aspect avait d'ailleurs été minutieusement préparé par 46 groupes de travail d'août 2007 à juillet 2008.Quelles ont été les surprises, bonnes ou mauvaises ?Après presque trois ans de préparation, il y a peu de place pour les surprises !Quel est votre bilan sur le marché de l'électricité en France ? Votre politique commerciale agressive est très critiquée?Le système va beaucoup évoluer avec la fin du Tartam, la contribution climat-énergie, les suites qui seront données au rapport Champsaur. Sur le marché des entreprises, le Tartam nous a fait perdre des clients. Nous comptons aujourd'hui 200.000 clients professionnels, soit plus de 4 % du marché. Depuis l'ouverture totale des marchés, plus de 500.000 clients particuliers ont adhéré à nos offres de fourniture d'électricité. Ainsi, plus de la moitié des clients, qui ont quitté leur fournisseur historique, nous font aujourd'hui confiance. Sur les cas de pratiques de vente contestées, il s'agit d'incompréhensions entre GDF Suez et certains de ses clients, qui ont toutes fait l'objet d'un retour à la situation contractuelle initiale choisie par le client.Pourquoi le prix du gaz n'a-t-il pas baissé en juillet ? Tablez-vous sur une hausse à l'automne ?Je tiens à vous rappeler qu'au 1er avril, les tarifs du gaz ont baissé de 11,3 % reflétant ainsi la baisse des produits pétroliers. Au 1er juillet, le gouvernement a pris la décision de ne pas faire de mouvement tarifaire. En ce qui concerne octobre, il est aujourd'hui trop tôt pour se prononcer, puisque la période de référence qui permet de calculer le prix du gaz n'est pas terminée.Quelles sont vos ambitions dans le nucléaire ?C'est pour nous un axe de développement stratégique. Nous voulons participer au renouveau de cette énergie dans le monde. En France, nous avons été choisis par le gouvernement pour construire aux côtés d'EDF le 2e EPR à Penly. Le gouvernement a également reconnu notre capacité et notre volonté de construire et d'opérer le 3e EPR français. Afin de répondre aux besoins futurs, nous sommes convaincus de la nécessité d'un tel équipement pour alimenter le réseau électrique français et européen. Nous mènerions ce projet en partenariat avec de grands énergéticiens européens comme Total, E. ON, Iberdrola? À l'international, nous participons à la construction de deux réacteurs en Roumanie. À Abu Dhabi, nous avons créé un consortium avec Total et Areva, auquel s'est joint EDF, pour proposer la construction et l'exploitation de centrales nucléaires. En Grande-Bretagne, nous avons l'ambition de construire 1 ou 2 EPR avec nos associés Iberdrola et Scottish and Southern Power. Enfin, le Brésil envisage de construire plusieurs centrales nucléaires. Premier producteur privé d'électricité, nous serions naturellement très intéressés si des projets devaient voir le jour.Quelle est la prochaine étape pour GDF Suez ?La base de notre programme de développement sera principalement organique. De nombreux projets industriels sont à l'étude dans le monde et beaucoup sont susceptibles de nous intéresser. propos recueuillis par m.-C. L
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