CDLe reggae ne se limite pas à la Jamaïque. Groundation nous vient de Californie et possède un son véritablement à part. Les trois membres fondateurs du groupe se sont rencontrés à l'université, où ils ont suivi un cursus spécialisé dans le jazz. Une influence qui ne les quittera plus tout au long de leur discographie. « Here I am », leur sixième album sorti en juin dernier après deux ans d'absence des bacs, ne déroge pas à la règle.Avec sa superbe intro fun­ky, « Run the Plan » donne le ton, avant qu'un brusque changement de rythme survienne à mi-chemin de la chanson. Roulement de batterie, ligne de basse ronronnante et surpuissante? Place au reggae, avec des sonorités dans la plus pure tradition du roots jamaïquain. Sauf que les Groundation aiment surprendre. Ils ne calculent rien et se lancent à corps perdu dans de magnifiques impros jazzy. Entre les musiciens, l'alchimie est totale. Virtuoses, ils ne versent pourtant pas dans la démonstration technique.hommage à la jamaïqueSur une implacable rythmique basse-batterie, les solos de saxo ou de trompette prennent leur envol et emmènent l'auditeur dans des contrées insoupçonnées. Des arrangements complexes portés par la voix plaintive et surprenante du leader Harrison Stafford. À l'entendre, on le croirait tout droit sorti d'un ghetto de Kingston.Audacieux, Groundation l'est sans conteste. Leur reg­gae est bien loin d'être traditionnel, ce qui ne les empêche pas de rendre hommage à leurs pères spirituels jamaïquains. Sur « Time Come », ils convient The Congoes, un trio légendaire de chanteurs au timbre aigu inimitable. Toutes ces voix si différentes se répondent dans un ensemble d'une cohérence totale.L'ambiance mystique qui se dégage de ces douze titres déroutera peut-être les auditeurs moins avertis. Mais « Here I am » est un album qui gagne à être réécouté. On y découvre à chaque fois de nouvelles subtilités. Alors fermez les yeux, installez-vous confortablement et laissez-vous porter par l'atmosphère de ce disque virtuose et envoûtant.Jérôme Béalès Groundation, Here I am, Naïve, 13,99 euros.

latribune.fr

28 Juill 2009, 1:43

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