Les défaillances d'entreprises bondissent dans tous les secteurs

C'est un effet amplificateur à redouter. Conséquence directe de la crise financière, qui se traduit principalement par un assèchement du crédit bancaire, les défaillances d'entreprises pourraient bien exploser d'ici la fin de l'année. " Alors que la crise actuelle serait en passe de se résorber, cette hypothèse constitue une menace sérieuse pour le financement de l'activité. Si elle se concrétise, elle se traduira par des provisions pour pertes de la part des banques de dépôt qui se trouveront alors dans une situation encore plus fragile qu'elles ne le sont actuellement ", explique une économiste.Après avoir bondi de 21 % sur un an entre janvier et juillet selon l'Insee - ce qui représente 29.585 défaillances -, dans un contexte de dégradation de la conjoncture nationale, européenne et internationale, les défaillances d'entreprises ont continué à progresser à un rythme effréné au troisième trimestre. Selon le cabinet Altares, celles-ci ont été au nombre de 11.400 entre juillet et septembre, soit une hausse de 17,2 % par rapport à la même période en 2007. " Ce chiffre n'avait pas été approché depuis l'été 1997 ", précise Thierry Millon, le responsable des études chez Altares.LE COMMERCE DE DETAIL TOUCHEDans un contexte de ralentissement brutal du marché de la pierre, la construction et l'immobilier concentrent les plus fortes défaillances (respectivement + 43 % et + 25 % selon l'Insee). " Ce ne sont pas des cas particuliers, tous les secteurs dérapent depuis juillet ", observe Thierry Millon. Ainsi, les défaillances ont augmenté de 31 % dans l'industrie des biens de consommation au troisième trimestre 2008, toujours selon Altares. " Le commerce de détail n'est pas épargné, notamment l'hôtellerie-restauration et la vente d'équipements du logement, comme l'illustrent les difficultés de Cauval, le leader français de la fabrication de meubles ", note Karine Berger chez Euler Hermes Sfac.La dimension des entreprises n'est pas un gage de sécurité, ce qui va à l'encontre de l'idée reçue selon laquelle les entreprises les plus modestes, en particulier les très petites entreprises de moins de 10 salariés, sont les plus promptes à rendre les armes lorsque la conjoncture se dégrade. En effet, le cabinet Altares observe que le taux de défaillance dépasse les 50 % dans les entreprises de plus de 20 salariés au troisième trimestre.PROCEDURES DE SAUVEGARDEL'augmentation des procédures de sauvegarde recensées par les greffes des tribunaux de commerce et des tribunaux de grande instance témoigne également des difficultés actuelles des entreprises. Elles s'élèvent à 162 au troisième trimestre 2008, contre 120 un an plus tôt.Il faut noter que, jusqu'à cet été, cette augmentation des défaillances ne s'était pas accompagnée d'une diminution des créations d'entreprises, dont le rythme mensuel continuait d'osciller aux alentours de 27.000 (+ 7,6 % en août sur un an, selon l'Insee). Un dynamisme de l'entrepreneuriat qui constitue actuellement l'un des très rares motifs de satisfaction pour le gouvernement, comme si la création d'entreprise pouvait constituer un moteur assez solide pour entraîner avec elle l'économie. Publiées aujourd'hui, les prochaines statistiques de l'Insee devraient confirmer ces tendances.
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