Les PME alsaciennes en manque de liquidités

Touchée depuis l'été dernier par une vague de fermetures et de plans sociaux, l'économie alsacienne craint un hiver mouvementé. " Les PME sont exposées depuis le mois de juin à un manque de liquidités, conséquence d'une trop grande prudence des banquiers, accuse René Hans, expert-comptable à Mulhouse et administrateur de la CGPME. Les banques ferment le robinet, elles refusent des traites à leurs clients de peur que leurs propres caisses ne se vident. " Réalité ou vision exagérée ?UNE TABLE RONDEÀ la chambre de commerce et d'industrie de Mulhouse (CCI), pour faire le tri entre la rumeur et les pratiques réelles des établissements financiers, le service d'aide financière aux entreprises va organiser une table ronde avec le comité local des banques et la Banque de France. " Avec la crise, les autorisations de découvert se trouvent beaucoup plus surveillées, observe Jean-Marie Michel, directeur adjoint à la CCI de Mulhouse. À présent, si la liquidité interbancaire est rétablie, le robinet du crédit doit à nouveau couler. "En mai dernier, Michel Lucas , directeur général de la fédération Centre Est Europe du Crédit Mutuel a demandé à ses 6.000 administrateurs de " freiner sur les crédits " . Sortis de leur contexte d'analyse des marges financières de la banque, ses propos ont été compris comme une menace par les promoteurs immobiliers. Selon l'un d'entre eux, Rémi Hagenbach , président du groupe strasbourgeois Stradim , " les clients qui se trouvaient à la limite des critères d'attribution d'un crédit se retrouvent hors marché ". Avec 10 millions d'euros de fonds propres, Stradim se place à l'abri d'une crise de liquidités, mais les mises en chantier pourraient se ralentir pour éviter l'accumulation des stocks en face des clients insolvables. " Le chiffre d'affaires est déjà décalé de six à huit mois , reconnaît Martin Schmitt, un autre promoteur installé à Mulhouse. D'ici trois mois, si les garanties offertes aux banques ne libèrent pas le marché du crédit, l'immobilier sera en crise. " Selon la Banque de France, les entreprises du gros oeuvre préparent " un exercice 2009 difficile " avec des devis revus à la baisse depuis cet été. Dans le second oeuvre, les travaux de rénovation pour le développement durable soutiennent encore le marché, mais la visibilité au-delà des quatre prochains mois s'avère déjà mauvaise...L'assurance crédit en questionDepuis la rentrée, le principal souci de Franck Renda, patron d'une PME dans la région lyonnaise, c'est l'assurance crédit. " Je considère qu'on a amputé de 40 % notre pouvoir d'achat, affirme-t-il. Les assureurs crédit utilisent aujourd'hui l'argument de la conjoncture économique pour réduire les encours, voire les refuser. Souvent, leur attitude est justifiée, parfois non. Le problème est que les entrepreneurs n'ont pas la possibilité de défendre leurs dossiers. " Franck Renda a donc décidé de créer l'Association de défense du crédit des entreprises (ACDE). " La situation est grave parce que tout le monde pâtit de l'attitude des assureurs crédit et de la situation quasi monopolistique de Sfac Heuler, estime-t-il. Les entreprises dont les encours ne sont plus couverts, partiellement ou totalement, sont obligées de réduire le montant de leurs commandes ou de diviser celles-ci entre plusieurs fournisseurs. Les chiffres d'affaires sont amputés d'autant : c'est l'effet boule de neige. " Dans un premier temps, l'ADCE va chercher à ouvrir des négociations avec les assureurs crédit. Si elle n'y arrive pas elle " se rangera aux côtés d'entreprises décidées à saisir les tribunaux compétents par voie de référé pour abus de position dominante ".
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