Des contrats aidés pour endiguer le chômage

Bien malin celui qui peut dire quelle sera la croissance française en 2009. Mais l'hypothèse d'une croissance zéro n'est plus à exclure. Ce qui devrait plomber les chiffres du chômage, reparti depuis l'été à la hausse. L'ampleur de la hausse du mois d'août dernier (+ 41.300 demandeurs d'emploi) - la quatrième consécutive et la plus importante depuis 1993 - montre que la remontée du chômage s'est installée dans la durée. Le chômage venant flirter avec la barre symbolique des 2 millions.Au début du mois d'octobre, l'Insee indiquait que le chômage remonterait légèrement à 7,4 % en moyenne en France métropolitaine à la fin 2008 (contre 7,2 % aujourd'hui), " malgré la baisse de la population active attendue au deuxième trimestre ". Et les dernières prévisions de l'Unedic pour 2008 (basées sur 1 % de croissance) tablaient sur une augmentation de 46.000 demandeurs d'emploi en 2008, contre 80.000 selon les prévisions de juin et une hausse de 41.000 pour 2009 avec une hypothèse de croissance de 0,9 %.RETOURNEMENT DEMOGRAPHIQUECes mauvais chiffres confirment le retournement de tendance sur le front du chômage, qui avait connu une baisse quasi ininterrompue depuis mi-2006. Pour autant, cette hausse du chômage devrait être quelque peu limitée compte tenu d'une moindre augmentation de la population active. " Il y a un retournement démographique, confirme Éric Heyer, directeur adjoint à l'OFCE. Mais on a du mal à mesurer son ampleur. "Par ailleurs, si l'économiste considère qu'en 2008 et 2009 il y a des destructions d'emplois à attendre (environ 50.000 pour chacune des années), " c'est l'évolution du secteur non marchand qui fera la différence ". Car, en 2008, le non-marchand a été très destructeur d'emplois, notamment aidés. Plus de 100.000 destructions sont attendues en 2008 avec notamment l'arrêt des contrats d'avenir (CA) ou des contrats d'accompagnement dans l'emploi (CAE).Pourtant peu friand au départ d'un traitement social du chômage, le gouvernement devra s'y résoudre. Le Premier ministre a en effet indiqué que les emplois aidés augmenteraient " sans doute un peu " en 2009. " En 2008, a-t-il rappelé, il y avait environ 380.000 emplois aidés. En 2009, on adaptera en fonction de la situation, on augmentera sans doute un peu les contrats aidés de manière à faire en sorte que ce soit un amortisseur, mais ça ne peut pas être une solution au problème du chômage. "Dans le projet de loi de finances pour 2009, le gouvernement prévoit 280.000 contrats aidés, 230.000 dans le secteur non marchand et 50.000 dans le secteur marchand (25.000 de moins qu'en 2008). Pour Éric Heyer, " le gouvernement va corriger le tir pour 2009, mais pour 2008, c'est trop tard. Si on crée environ 40.000 emplois aidés, en net, il n'y aura pas de hausse du nombre de chômeurs. Mais ce type de mesure contracyclique est une solution à très court terme ".Hier, Laurent Wauquiez, secrétaire d'État chargé de l'emploi, qui a décrit les trois volets du plan d'action du gouvernement pour l'emploi, s'est défendu de vouloir retomber dans les " errances d'un traitement social du chômage ". Il a toutefois confirmé vouloir utiliser tous " les outils de la politique de l'emploi ", au premier rang desquels figurent les contrats aidés, mais aussi le contrat de transition professionnelle (CTP) que le gouvernement a promis aux salariés de l'usine Renault de Sandouville.CAP DES REFORMES MAINTENUIl a également assuré que Nicolas Sarkozy confirmerait la semaine prochaine la poursuite des " réformes de structure qui doivent nous permettre de changer le visage de notre politique de l'emploi ", à savoir la réforme de la formation professionnelle ou la mise en place du nouvel opérateur issu de la fusion ANPE-Assedic. Enfin, il a rappelé que le gouvernement ne doit pas " se contenter de faire une politique défensive en matière d'emploi mais bel et bien chercher les emplois de demain en matière de numérique, de services à la personne [...] ou encore les emplois verts ".Récession, troisième ?Depuis 1945, l'économie française a connu deux récessions. Celle de 1975 fut directement liée au premier choc pétrolier et à l'éclatement du système monétaire mondial. Le PIB recula alors de 1 %, incitant le Premier ministre Jacques Chirac à mettre en oeuvre l'avant-dernier plan de relance que connut la France (l'ultime étant celui du gouvernement Mauroy, en 1981).La seconde récession déjà enregistrée a eu lieu en 1993 (PIB en baisse de 0,9 %). Le facteur déclencheur en a été l'éclatement du système monétaire européen à la fin de l'été 1992, lié aux tensions issues de la réunification allemande. La France s'est trouvée en récession dès l'automne 1992, mais les économistes n'en ont eu conscience que début 1993. Dirigée par Édouard Balladur, la nouvelle majorité arrivant aux affaires en mars 1993 augmenta certains prélèvements, mais laissa globalement filer les déficits. I. B.
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