Noir, blanc, gris

Pour aller chercher la croissance " avec les dents ", comme le voulait Nicolas Sarkozy, il va falloir de bonnes mâchoires. Même si la France est moins touchée que le Royaume-Uni ou l'Espagne, elle devrait connaître une récession marquée l'année prochaine. Ce serait la troisième que la France connaît depuis la guerre, après 1975 et 1993.La politique économique n'est évidemment pour rien dans cette récession annoncée, conséquence d'un retournement de cycle mondial. Au contraire, les premières mesures de la présidence Sarkozy - les aides à l'immobilier notamment, décidées dans l'euphorie de l'élection pour " tenir les promesses " - ont atténué le ralentissement. Intuition visionnaire ou coup de chance ? À dire vrai, la crise est arrivée à point nommé pour donner du sens à des mesures qui n'en avaient guère. Le gouvernement ressemble ici à un archer qui aurait mis dans le mille après avoir fait trois tours sur lui-même, les yeux bandés. Devant une telle performance, on applaudit l'artiste. Mais il subsiste dans l'esprit de tout observateur rationnel quelques craintes pour le coup d'après.La chute de l'activité va relancer le débat sur la politique économique à conduire. Jusqu'ici, Nicolas Sarkozy et François Fillon s'en tiennent au " ni-ni ", ni relance, ni rigueur, qui est à la politique économique ce que le gris est aux autres couleurs - indéfinissable. Gageons qu'une telle option ne durera pas, devant la montée des inscrits à " Pôle Emploi ", nouveau nom de l'ANPE. En 1993, le ministre du Budget avait laissé les finances publiques se détériorer - jamais la dette publique n'a autant progressé qu'à l'époque. Ce ministre n'avait pas quarante ans, on le disait promis à un bel avenir : c'était Nicolas Sarkozy. Il avait fait, à juste titre, une relance qui ne disait pas son nom. Quinze ans plus tard, le Sarkozy de l'Élysée se trouve pris dans les mêmes rets que celui de Bercy. Et il devrait faire la même politique.Incidemment, la série des réformes pourrait s'interrompre, malgré les dénégations officielles. Pour une raison simple, théorisée en son temps par Alain Madelin : un avantage acquis ne se supprime pas, il se rachète. Or, en période de récession, il n'y a pas d'argent. Si 2009 est une année noire pour la conjoncture, elle sera une année blanche pour les réformes.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.