Les autorités américaines tentent de percer le mystère

Notre système réglementaire est tellement défectueux que c'en est ridicule. L'affaire Madoff démontre qu'il existe de larges fissures dans la réglementation et si la SEC a mal agi, on le saura prochainement », disait hier Laura Unger, ancienne commissaire du régulateur boursier américain (Securities and Exchange Commission), interrogée sur CNBC. Elle était incapable d'expliquer comment une fraude d'« une telle magnitude » a pu échapper si longtemps aux autorités.Depuis l'inculpation de Bernard Madoff la semaine dernière, la SEC a mobilisé une dizaine d'enquêteurs pour fouiller de fond en comble les locaux de sa société, Madoff Investment Securities, sur la Troisième Avenue, dans le centre de Manhattan. D'après les premiers éléments de l'enquête, Madoff aurait créé, en marge de ses activités officielles de teneur de marché, d'investissement pour comptes propres et de sa division de conseil en placements enregistrée en 2006, une autre activité non homologuée de gestion pour particuliers fortunés et investisseurs institutionnels.D'après l'agence Bloomberg, les employés de Madoff n'étaient pas impliqués dans ses activités de conseil qu'il pilotait depuis un étage séparé de ses deux autres divisions. La SEC affirme que Madoff conservait l'ensemble des documents comptables et financiers de son entreprise dans un coffre-fort et entretenait le mystère sur ses activités de conseil auprès de ses employés.L'absence d'enregistrement de certaines activités de Madoff expliquerait pour partie l'aveuglement de la SEC. Elle coûtera cher aux investisseurs qui ont confié leur argent à cette personnalité respectée de Wall Street, dont la proximité avec d'anciens dirigeants de la SEC, tel Arthur Levitt, était notoire et inspirait la confiance. L'affaire Madoff relance le débat sur les moyens attribués à la SEC. Sa division d'enquête et d'inspection comptait 880 employés en 2006 et sera ramenée à 796 personnes pour l'exercice fiscal qui s'achèvera en septembre.aucune compensationLa société Madoff Investment Securities devait être placée hier sous la tutelle de la SIPC (Securities Investor Protection Corp), autorité qui assure les dépôts initiaux des clients des maisons de courtage à hauteur de 500.000 dollars, mais n'accorde aucune compensation sur leurs pertes sur investissement. D'après le « Wall Street Journal », parmi ces épargnants floués figurent le sénateur démocrate Frank Lautenberg, le propriétaire de l'équipe de base-ball des Metz, Fred Wilpon, la Fondation Elie Wiesel pour l'Humanité et la fondation Wunderkinder, association caritative du cinéaste Steven Spielberg.Libéré sous caution, Bernard Madoff sera présenté au tribunal chargé de le juger le 19 décembre. D'autres procès relatifs à ce retentissant scandale sont attendus. Les fonds d'investissement alternatifs particulièrement exposés ? comme Fairfield Sentry et le Kingate Global Fund ? risquent d'être poursuivis par leurs clients pour n'avoir pas respecté les règles élémentaires de « due dilligence » vis-à-vis du conseiller financier. Se retrancher derrière le fait que les comptes de Madoff Investment Securities étaient audités ne leur sera d'aucun secours. Son cabinet d'audit, Friehling&Horowitz, serait quasi fictif et composé de son patron, d'une secrétaire et d'un comptable non identifié. Une aberration que le hedge fund Aksia LLC a dénoncée l'an dernier, enjoignant ses clients de ne pas confier leur argent à « Bernie Madoff ». néric chalmet, à new york++BSD ++SupprimerBalise NePas supprimer n Eric Chalmet, à New York + BSF ++
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