Sarkozy décide d'ajourner la réforme du lycée

Nicolas Sarkozy a décidé hier d'éteindre le feu lycéen qui menaçait de s'étendre à quelques jours des vacances de Noël. Premier recul significatif sur le front des réformes, la refonte de la classe de seconde a été reportée d'un an, à septembre 2010. C'est le chef de l'État qui l'a demandé ce week-end à Xavier Darcos (bien que l'entourage de ce dernier s'en défende). La réforme prévoyait dès la rentrée 2009 la mise en place d'une seconde « modulaire » divisée en deux semestres. « Dans un contexte qui expose la sécurité des lycéens et des personnels, les conditions d'un dialogue serein et responsable ne sont pas réunies », a reconnu le ministre de l'Éducation dans un communiqué. Il a donc annulé la conférence de presse prévue ce matin pour préciser le contenu de la réforme. Les syndicats, reçus tour à tour la semaine dernière, avaient déjà ressenti chez lui une certaine « préoccupation ».Il faut dire que depuis plusieurs jours la contestation lycéenne gagnait du terrain en France, avec des épisodes violents qui ont inquiété l'Élysée. Voitures incendiées, abribus caillassés, chefs d'établissement pris à partie, « agressivité inconnue à ce jour », selon des personnels de direction des établissements concernés, le spectre des émeutes de novembre 2005 dans les banlieues françaises n'est jamais loin? a fortiori depuis l'explosion de la colère des jeunes en Grèce. L'agitation s'est d'ailleurs poursuivie hier, notamment dans le Nord et en Bretagne, malgré l'annonce du report de la réforme. De fait, la pression ne paraît pas près de se relâcher. Les syndicats d'enseignants ont déjà prévenu que le mouvement va se poursuivre sur les autres dossiers (suppressions d'emplois) et exigent des négociations sur les « conditions de travail des personnels et le métier enseignant », précise Guy Vauchel, secrétaire national du Sgen-CFDT. De nouvelles manifestations sont prévues jeudi, à l'appel de l'Union nationale des lycéens (UNL), première organisation lycéenne, pour exiger de Xavier Darcos « le maintien de la qualité de l'éducation ». L'autre organisation, la Fidl, prévoit des actions aujourd'hui et jeudi. Et les responsables éducatifs mettent en garde contre une possible recrudescence des mouvements lycéens en janvier.DédramatiserDans l'entourage de Nicolas Sarkozy, on cherchait toutefois hier à dédramatiser le recul de Xavier Darcos. « Six mois de plus pour un travail d'explication, ce n'est pas dramatique. Ce que veut le président, c'est faire cette réforme. Il y a eu un déficit d'explication, les gens sont mal informés ou désinformés. On va prendre le temps du dialogue », indiquait un conseiller de l'Élysée. La désinformation est aussi l'argument mis en avant au ministère de l'Éducation nationale. Xavier Darcos a accordé avant-hier une interview au « JDD » pour lancer un « ballon d'essai », et il n'a pas été déçu des retombées. « Nous nous sommes rendu compte que nous n'arrivions pas à dépasser les rumeurs », indique-t-on dans son entourage. Selon le ministère, la réforme faisait consensus, comme le prouve la signature en juin par les syndicats d'enseignants de « points de convergence », mais son application a été mise à mal non par la rapidité avec laquelle elle a été lancée, assure-t-on, mais ce sont les « rumeurs sur les suppressions des filières, du bac ou la disparition du tronc commun de l'histoire-géographie » qui ont créé une situation « anxiogène pour les familles ». Une nouvelle phase de consultations, plus longue, va donc être lancée, mais portant cette fois sur la globalité du lycée, c'est-à-dire en prenant en compte les classes de seconde, première et terminale, comme le souhaitaient les syndicats. Les discussions sur le cycle terminal devraient d'ailleurs s'achever comme prévu au premier semestre de 2009. Une « annonce globale » aura lieu l'année prochaine. n la contestation lycéenne gagnait du terrain en France, avec des épisodes violents.
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