Six mois après les émeutes de la faim, les pays riches n'ont pas tenu leurs promesses d'aides

Au début du printemps dernier, des émeutes de la faim éclataient un peu partout dans le monde, offrant les mêmes scènes de bousculades et de pillages. Sur les 37 pays les plus touchés, 21 se trouvaient sur le continent africain. Depuis, la plupart d'entre eux ont abaissé drastiquement leurs droits de douanes afin de réduire l'impact sur les populations les plus exposées. De leur côté, les pays riches se sont engagés à mettre sur la table l'argent nécessaire pour relancer l'agriculture dans les pays en développement. Ainsi, à l'occasion d'un sommet extraordinaire de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) convoqué le 5 juin, ils promettaient de débourser 22 milliards de dollars. Avec un double objectif : parer au plus pressé en débloquant une aide d'urgence, mais aussi relancer la production agricole dans les pays du Sud. Nicolas Sarkozy, à l'image de nombreux chefs d'État des pays développés, estimait alors qu'il fallait apporter « des réponses à moyen et à long terme ».Six mois plus tard, les engagements pris n'ont pas été tenus. « Sur les 22 milliards de dollars prévus, 2,3 milliards de dollars seulement ont été effectivement décaissés pour l'essentiel sous la forme d'aide alimentaire d'urgence », indique-t-on à la FAO, où l'on recense 963 millions de personnes sous-alimentées dans le monde, soit 40 millions de plus qu'il y a un an. Certes, les pays riches ne sont pas restés inertes. Ainsi, l'Union européenne s'est récemment engagée à débourser un milliard d'euros supplémentaire pour relancer l'agriculture dans les pays en développement. Mais l'argent n'arrivera pas sur le terrain avant l'an prochain.Décalage importantEn décembre 2007, la FAO, qui s'inquiétait déjà de la hausse des prix agricoles, avait mené une première bataille contre la flambée des prix alimentaires. Il s'agissait de relancer la production, en favorisant l'accès aux semences et aux engrais. À l'époque, les besoins avaient été estimés à 1,7 milliard de dollars pour la campagne 2009. Un an plus tard, l'organisation onusienne n'a recueilli que 75 millions de dollars (4 % des besoins) après avoir elle-même mis la main à la poche à hauteur de 30 millions d'euros.« Il existe un décalage important entre les discours, les intentions et les décaissements », regrette-t-on à la FAO. Il n'y aurait pas de mauvais élève parmi les gros donateurs qui seraient, selon la FAO, « tous dans la moyenne ». Pour la Fondation Farm, la situation n'en est pas moins inacceptable. « Les pays riches sont capables de débourser des milliards pour sauver leurs banques mais incapables de décaisser de quoi relancer les agricultures africaines au bout d'un an », s'indigne son président, Bernard Bachelier.
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