Sarkozy, la frénésie de janvier

J'adore aller sur le terrain. » Début janvier, Nicolas Sarkozy lâche cette phrase dans l'avion qui le ramène de sa tournée au Proche-Orient. Une petite phrase off destinée à être diffusée largement car elle signe le retour du chef de l'État sur la scène politique intérieure après une parenthèse diplomatique enchantée. Un atterrissage difficile à négocier en pleine crise économique et sociale. Comme lors de ses v?ux du début 2008, Nicolas Sarkozy joue la cure d'amaigrissement par rapport aux années Chirac : le nombre de cérémonies aurait été réduit d'un tiers. Mais une bonne quinzaine de rendez-vous ont été inscrits à l'agenda du chef de l'État entre le 5 et le 23 janvier. La rupture se niche même dans les v?ux, désormais décentralisés à travers l'Hexagone. Et le chef de l'État de se lancer dans un véritable tour de France en ce mois de janvier.Chaque étape en province est préparée selon un rite immuable : rencontre avec un corps de métier puis v?ux et annonces. « L'omniprésident » est de retour et il assume. Le 7 janvier, en recevant les parlementaires à l'Élysée, Nicolas Sarkozy fustige les « rois fainéants » qui l'ont précédé et reconnaît qu'il est partisan d'un « exécutif fort », même tempéré par « un Parlement fort ». Dans l'après-midi, il assiste à la rentrée solennelle de la Cour de cassation et lève le voile sur la réforme de la justice en annonçant la suppression du juge d'instruction. Deux jours plus tard, le cortège présidentiel est à Strasbourg pour les v?ux aux personnels de santé, sur fond de polémique sur les moyens accordés à l'hôpital public. Des cas dramatiques ont récemment été mis en exergue par les urgentistes, dont le très médiatique Patrick Pelloux.Saint-Lô, Nîmes, Orléans...Puis c'est Saint-Lô le lundi suivant. Après le fiasco de la réforme du lycée en décembre, Nicolas Sarkozy veut reprendre la main, convaincre l'opinion que le train de la rupture n'est pas stoppé comme un vulgaire TGV en rase campagne. « Renoncer à réformer en profondeur notre système éducatif, ce serait se résigner à l'inacceptable », affirme le chef de l'État, qui ajoute ne pas « prendre à la légère » l'angoisse de la jeunesse. Le lendemain, Nicolas Sarkozy est à Nîmes pour les v?ux au monde culturel (l'occasion d'annoncer la création de « son » musée, consacré à l'histoire de la France), puis le jour suivant, c'est Orléans et la réaffirmation des orientations présidentielles en matière de sécurité. Avant Vesoul et les v?ux aux forces économiques, l'occasion pour le chef de l'État de s'exprimer aussi bien sur les grèves sauvages à la SNCF et sur « l'irresponsabilit頻 du syndicat SUD-Rail que sur la rémunération des grands patrons ou l'aide au secteur automobile, frappé de plein fouet par la crise. Sans oublier la polémique autour de la réduction du taux de rémunération du livret A, occasion cette fois de se poser en défenseur de l'épargne populaire face à l'orthodoxie économique. Et ne pas omettre non plus l'annonce du remaniement gouvernemental qui précède la réorganisation musclée de l'UMP le 24 janvier. « Cela ressemble quand même à un début de campagne électorale », s'amuse un proche de Nicolas Sarkozy, avant d'ajouter : « Imaginez les v?ux début 2012 ! » Il reste au chef de l'État une haie à franchir avant la fin de la séquence 2009, celle des v?ux à la presse. Ils auront lieu vendredi prochain. Nicolas Sarkozy ne veut pas répéter l'erreur de l'année dernière. Il avait accepté de se prêter à l'exercice de la conférence de presse et celui qui s'était présenté comme le « président du pouvoir d'achat » pendant la campagne de 2007 avait chuté dans l'opinion après sa confession sur les « caisses vides de l'État ». Cette année, Nicolas Sarkozy a couplé la cérémonie des v?ux avec la conclusion des états généraux de la presse. Polémiques garanties.
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