L'avenir s'assombrit en Grande-Bretagne

Éric Albert,à LondresC'est fait?! Le plan de sauvetage des banques britanniques, lancé en octobre, va officiellement se conclure lundi, avec la première cotation de la banque née de la fusion de Lloyds TSB et de HBOS. Pour autant, les banques britanniques, très chahutées ces trois derniers mois, sont loin d'être tirées d'affaire. Pour preuve les cours de Barclays et de Royal Bank of Scotland (RBS) ont hier respectivement perdu 24 % et 13 %. Barclays a assuré qu'il n'y avait pas de « justification » à cette chute et qu'elle publierait le mois prochain un bénéfice annuel « bien au-dessus » des attentes des analystes. La naissance officielle du nouveau géant bancaire vient rappeler l'ampleur des décisions prises depuis trois mois. Le mastodonte qu'est Lloyds TSB après l'acquisition de HBOS n'aurait jamais été accepté par les autorités de la concurrence?: il domine toute la banque de détail britannique, des comptes courants aux prêts immobiliers (voir graphique). Mais les circonstances exceptionnelles ont forcé le gouvernement à prendre exceptionnellement 43,4 % de la nouvelle banque. RBS, l'autre rescapé, est propriété à 57,9 % de Downing Street. Quant à Barclays, elle n'a échappé à la nationalisation qu'au prix d'avoir vendu un tiers de son capital aux fonds souverains d'Abou Dhabi et du Qatar.« Mission impossible »Mais le sauvetage de ces derniers mois n'a pas mis fin aux problèmes. « Le Royaume-Uni est embourbé dans une récession avec une baisse de la valeur des actifs, une hausse des faillites et des créances douteuses qui progressent, estime Alex Potter, analyste à Collins Stewart. Le retour à la croissance des banques britanniques ne se produira pas avant 2010. » Dans de telles circonstances, il est logique que les banques durcissent leurs conditions de prêts cette année. Seulement, de son côté, Downing Street entend les forcer à ouvrir grand les vannes du crédit. Les banques sont donc à la fois tenues d'assainir leurs comptes, d'éponger les mauvaises dettes et de se remettre à prêter. « Mission impossible », titrent les analystes de Citigroup dans une récente note. Ils soulignent leurs inquiétudes concernant les marges des banques. Alors que les taux d'intérêt s'effondrent (ils sont passés de 5 % à 1,5 % en trois mois), les banques n'ont pas répercuté l'intégralité de la baisse aux épargnants. Résultat, la différence entre taux d'emprunt et taux d'épargne s'est fortement réduite?: de 1,3 % en moyenne entre 1999 et 2008 à ? 0,1 % actuellement. Si rien ne change, cette situation pourrait effacer 12 milliards de livres (13,5 milliards d'euros) des bénéfices des banques, soit environ le tiers par rapport à 2007.Les analystes de Citigroup prévoient que les banques corrigeront le problème à court terme. De quoi affaiblir un peu plus l'économie britannique.
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