« L'État a toute sa place pour définir les règles

Les annonces de plans de relance se succèdent : êtes-vous favorable à cette intervention publique dans l'économie ?Si nous n'avions pas eu une intervention rapide, massive et coordonnée au niveau européen, nous aurions probablement été confrontés à un chaos économique. Nous reconnaissons donc parfaitement, du côté des entreprises européennes, que les responsables de la puissance publique et des institutions européennes ont bien réagi devant la crise. Bien sûr, notre point de vue est que l'initiative privée est une clé de la croissance et de l'emploi, mais, en cas de crise violente, l'État a toute sa place pour définir les règles de fonctionnement. Je constate d'ailleurs qu'il y a un consensus sur ces questions et qu'à travers l'Europe, la droite met en ?uvre les mesures qu'elle juge utiles et la gauche ne prend pas avantage de la situation.Ne craignez-vous pas que les pouvoirs publics y prennent goût ?Certes, on est un peu inquiets de penser que l'État puisse prendre une certaine délectation à demeurer là où sa présence n'est plus nécessaire une fois le calme revenu. Mais pas de procès d'intention ! Dès que l'on aura retrouvé un fonctionnement normal des marchés financiers et surtout du marché du crédit, l'État pourra se retirer car son interventionnisme ne sera plus utile.Les banques, fortement soutenues, font-elles leur possible pour restaurer le crédit ?Elles ont des contraintes qui leur sont imposées par la situation, mais elles font leur travail. En donnant aux banques les moyens de prendre des risques, les États vont aider les entreprises à sortir de la difficulté.Êtes-vous en faveur d'une limitation des dividendes aux entreprises aidées, comme l'a recommandé Nicolas Sarkozy aux banques françaises cette semaine ?Je ne peux pas dire que nous apprécions que l'on lance la question du dividende comme un thème général. Lorsque l'État donne à certains, et notamment aux banques, les moyens de continuer à faire leur métier, il peut certes poser des conditions. Mais s'il le fait, nous pensons qu'il doit le faire discrètement, dans le cadre des négociations au moment de son intervention. Quand il intervient dans ce type de domaine, l'État doit fixer les règles du jeu et s'y tenir. Le débat politique n'est pas très opportun. Il revient aux actionnaires de décider si la situation de l'entreprise commande, ou pas, que l'on fasse un dividende et à quel niveau.Certains soupçonnent des entreprises de profiter de la crise pour faire des licenciements.Ces soupçons ne sont pas justifiés ! Face à des à-coups de conjoncture de cette puissance, il est du devoir des entreprises confrontées à la difficulté d'anticiper par des réformes de structures plus fortes.Barack Obama sera investi mardi à Washington. Qu'attendez-vous du nouveau président américain ?C'est une chance pour l'économie mondiale de voir arriver un président de cette stature. Barack Obama n'est pas forcément un « homme miracle », mais il a une capacité considérable à inspirer la confiance, et c'est un élément très important. En tant qu'entreprises européennes, nous attendons de lui qu'il rétablisse un dialogue transatlantique. Nous devons toutefois veiller à éviter toute résurgence du protectionnisme américain et nous tenterons d'influencer fortement Barack Obama dans ce domaine.Justement : une nouvelle bataille vient de s'ouvrir dans la « guerre du b?uf aux hormones », avec la décision américaine d'augmenter les taxes sur le Roquefort de 300 %. Est-ce le retour du protectionnisme?Le sentiment protectionniste se concentre toujours sur un produit : quand il s'agit du Roquefort, le président de BusinessEurope ne peut pas dire que l'émotion est générale parmi nos 20 millions de membres européens !Le protectionnisme, c'est toujours vouloir refuser l'importation d'un produit, l'arrivée d'un investissement ou le développement d'un service, parce que l'on veut garder le sien. Nous savons que cette attitude conduit à une moindre croissance et, quelquefois, à de vrais dommages dans les relations politiques. neRNEST-ANTOINE SEILLIÈRE, PRésident de Businesseuropela droite met en ?uvre les mesures qu'elle juge utiles et la gauche ne prend pas avantage de la situation.
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