Ankara multiplie les cadeaux avant les élections municipales

C'est la pire année de toute ma carrière. On a vraiment touché le fond. » Dans son atelier du quartier stambouliote d'Eminönü, Murat Duman, bijoutier spécialisé dans le travail de l'argent, broie du noir face à l'ampleur de la crise économique. Il a dû se séparer d'une partie de son équipe et pousse sa secrétaire, à ses côtés depuis seize ans, à entreprendre des démarches professionnelles ailleurs.Même constat devant la gare ferroviaire où se pressent une centaine de chauffeurs de camions qui attendent de recevoir du travail. « Aujourd'hui, il n'y a personne, fait remarquer l'un d'entre eux. Les gens ne se déplacent plus car ils savent qu'ils ne trouveront rien. Qui est épargné par la crise ? Moi, cela fait trois mois que je viens tous les jours et que je repars quasi bredouille. Rien ne sort des usines alors que pouvons-nous transporter ? »à deux semaines d'élections municipales qui permettront de soupeser l'influence de l'AKP, le parti au pouvoir depuis 2002, les mauvaises nouvelles pleuvent sur l'économie turque. Les exportations ont chuté de 35 % en février par rapport à février 2008 et la production industrielle de 17,6 % en décembre. Le chômage bat des records (13,6 % de la population active) notamment auprès des jeunes (23,9 %). Des chiffres qui ne tiennent pas compte de l'économie parallèle.baisse de la TVa « Les conditions économiques vont influencer les électeurs mais pas d'une manière très importante, car ceux-ci ne rendent pas le gouvernement responsable de cette crise et nombreux sont ceux qui estiment qu'il n'y a pas d'alternative à l'AKP », explique Burhan Senatalar, de l'université Bilgi d'Istanbul.Mehmet Dogan, travailleur journalier dans le souk d'Eminönü, est l'un d'entre eux. « Le gouvernement fait ce qu'il peut, il nous aide et n'est pour rien dans cette crise qui est mondiale. » à l'approche des élections, le gouvernement turc multiplie les gestes en direction de ses électeurs de base. Vendredi dernier, il a annoncé une réduction pendant trois mois des impôts sur le logement, l'automobile ou l'électroménager, pour relancer la demande. Ainsi, la TVA sur les logements neufs passera de 18 % à 8 %, a promis le Premier ministre. Coût de ces nouvelles mesures : 2,5 milliards d'euros. En février, il avait déjà abaissé le prix du gaz et, grâce à ses relais au sein de la société civile, distribue du charbon et de l'aide alimentaire. Dans la province à majorité kurde de Tunceli, des réfrigérateurs ont même été offerts à des villageois totalement isolés. « C'est bien de distribuer des frigos mais y a-t-il quelque chose à mettre dedans ? ironise Murat Duman. Qu'on nous donne du travail à la place. »Depuis le début 2008, le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan a passé plusieurs paquets de réformes mais sans grande visibilité. « Il y a un problème de contenu et de présentation de ces mesures. Conséquence, les cercles économiques ne sont pas convaincus. » Le parti au pouvoir, lui, se dit confiant et vise 50 % des suffrages aux élections municipales du 29 mars.
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