La Suisse espère la fin des pressions internationales

En se disant prête à coopérer aussi sur l'évasion fiscale, la Suisse devrait pouvoir échapper à la liste noire du G20. Dans la Confédération, le ton est donc plutôt au soulagement. « C'est un pas absolument nécessaire pour les bonnes relations avec nos partenaires », explique ainsi le député socialiste Roger Nordmann. Même Michel Dérobert, secrétaire général de l'Association des banquiers privés suisses, admet que « l'alternative à la décision du conseil fédéral aurait été de figurer sur une liste noire ». Bref, la levée de la distinction entre fraude et évasion fiscale pour les non-résidents était devenue un moindre mal.Pour Michel Dérobert, la compétitivité de la place financière suisse a été épargnée notamment parce que plusieurs autres places « offshore », comme Singapour, ont également bougé dans le même sens et que le principe du secret bancaire n'a pas été modifié. « Notre préoccupation est plutôt désormais de savoir si nous restons compétitifs face aux places d'origine des clients et, surtout, face à certaines places comme New York, Londres ou Miami, qui se disent onshore, mais qui ont des pratiques offshore », concède-t-il. Et en Suisse, beaucoup seront attentifs aux gestes venant des États-Unis et de la Grande-Bretagne. « J'attends maintenant des pays du G20 qu'une stratégie internationale se mette en place pour lutter contre l'usage des trusts anglo-saxons comme véhicule d'évasion », revendique Roger Nordmann. Mais Philippe Braillard, professeur d'économie à l'université de Genève, estime que le pays n'est pas en situation de peser : « Je regrette que l'on ait dû prendre cette décision sous la pression internationale, car il sera maintenant difficile d'obtenir des États-Unis et du Royaume-Uni des concessions sur leurs propres paradis fiscaux. »75 conventionsLa machine institutionnelle suisse va à présent se mettre en marche. Le gouvernement devra entamer la renégociation des quelque 75 conventions de double imposition qui lient la Suisse à ses partenaires et le peuple suisse aura sans doute à s'exprimer sur le sujet. Mais un blocage semble peu probable. Même Yvan Perrin, le vice-président de l'UDC, ce parti populiste qui est le plus puissant du pays et qui se joindra à l'initiative de cette minorité italophone pour inscrire le secret bancaire dans la Constitution, est sans illusion. « La confiance ne se décrète pas », résume-t-il. La crainte des Suisses est désormais de voir l'avancée du gouvernement interprétée comme une faiblesse entraînant d'autres exigences, notamment l'échange automatique d'informations. Hier, déjà, le ministère des Finances allemand a appelé à « maintenir la pression » sur les paradis fiscaux pour obtenir plus. Beaucoup se souviennent que, par le passé, chaque concession sur le secret bancaire a été suivie par d'autres. nLa crainte des Suisses est désormais de voir l'avancée du gouvernement interprétée comme une faiblesse entraînant d'autres exigences.
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