Cacophonie à la Banque centrale européenne

D'habitude, les gouverneurs des banques centrales de la zone euro préfèrent laver leur linge sale en famille. Mais cette fois, les dissensions sont trop fortes. Du coup, plusieurs membres du conseil des gouverneurs ont tenté de donner de la voix pour défendre leur point de vue. Une situation très différente de celle à laquelle les opérateurs de marché sont habitués : le plus souvent, les interventions verbales des membres de la BCE sont plutôt destinées à aider les investisseurs à anticiper correctement la prochaine décision de politique monétaire.Pourtant, la cacophonie de ces derniers jours s'explique. La dernière réunion de politique monétaire ? une baisse du principal taux directeur d'un petit quart de point, à 1,25 % ? a surtout permis à la BCE de gagner du temps. En revanche, elle a échoué à créer un consensus, que ce soit sur l'ampleur de la baisse des taux nécessaire ou sur la mise en place d'une politique dite « non conventionnelle » d'assouplissement quantitatif.D'où le feuilleton de ces derniers jours. Alors que la plupart des observateurs avaient déduit de la conférence de presse de Jean-Claude Trichet du 2 avril que la prochaine baisse de taux serait d'un quart de point et que, sauf dégradation radicale du scénario, il n'y en aurait pas d'autre, la semaine dernière, le gouverneur de la Banque centrale autrichienne, Ewald Nowotny, a déclaré que le débat sur l'ampleur de la prochaine baisse des taux était toujours ouvert. Il a également évoqué la possibilité d'achats significatifs de titres par la BCE. Les gouverneurs des banques centrales grecque (George Provopoulos) et chypriote (Athanasios Orphanides) lui ont emboîté le pas, défendant l'idée d'un abaissement du taux directeur de la BCE en dessous de 1 % et d'achats de titres de dette afin de soutenir l'économie.au plancherCes déclarations ont poussé le gouverneur de la puissante Bundesbank, Axel Weber, à intervenir, relayé par un autre membre du directoire de la BCE, José Manuel Gonzalez-Paramo. Revenant sur les reproches souvent faits à la BCE quant à sa réticence à adopter une politique de taux zéro, Axel Weber a rappelé que « le taux de l'argent au jour le jour, c'est-à-dire le taux auquel les banques se prêtent des liquidités entre elles sur un jour, [était] nettement inférieur au principal taux de refinancement ». De fait, le taux de dépôt au jour le jour, actuellement à 0,25 %, a supplanté le « refi » comme référence sur le marché monétaire et, si l'on en croit Axel Weber (mais aussi Jean-Claude Trichet), il a atteint son plancher. Axel Weber s'est par ailleurs dit opposé à une réduction du principal taux de la BCE « en dessous de 1 % car les prêts mutuels de liquidités ne seraient ainsi pratiquement plus rémunérés », ce qui paralyserait le marché interbancaire. Enfin, le patron de la « Buba » a redit que la BCE présenterait début mai ses décisions sur des mesures supplémentaires pour relancer le crédit. Compte tenu du rôle prépondérant du financement bancaire en Europe continentale, les mesures visant à faciliter l'accès des banques à des liquidités, « comme le prolongement de la maturité des opérations de refinancement, devraient avoir la priorit頻. En revanche, des interventions directes sur le marché des capitaux, si elles ne sont pas exclues « devraient passer après ».
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