La Fabuleuse histoire

chronique du contrarianJ'ai longuement hésité avec un autre titre : « À qui profite la crise ? » Imaginez pendant quelques secondes que vous avez une boutique généraliste sur l'artère commerciale la plus fréquentée du monde et que tous vos concurrents sont en faillite ou sous le coup d'une interdiction gouvernementale d'exercer leur commerce. C'est exactement ce que doit ressentir Lloyd Blankfein, président de Goldman Sachs. Le sentiment grisant d'être le seul survivant de Wall Street et un survivant bénéficiant d'une quasi-situation de monopole sans précédent dans l'histoire de la finance mondiale. Ses principaux concurrents sont morts comme Lehman Brothers, dilués et dissous dans des grands groupes comme Bear Stearns ou Merrill Lynch, ou dans le coma comme Morgan Stanley. Ils sont les seuls ou presque aujourd'hui à pouvoir continuer à spéculer massivement sur les marchés financiers et de matières premières, racheter à la casse les dettes des banques et des entreprises ou lever des capitaux pour les institutions en mal de fonds propres. Leurs résultats trimestriels 2009 en sont même gênants tant ils sont flashy : 9,5 milliards de dollars de revenus, un profit de 1,8 milliard de dollars mais surtout un pool de cash de 164 milliards en hausse de 50 milliards de dollars sur trois mois ! Goldman Sachs se paie même le luxe de rembourser l'aide gouvernementale de 10 milliards de dollars pour pouvoir sortir de toute tutelle administrative en matière de salaires et de bonus. Rouler en Bentley dans des rues où tout le monde circule à pied ou en charrettes suscite des jalousies et provoque des interrogations. Pourquoi Henry Paulson, ex-patron de Goldman, a-t-il choisi de laisser mourir Lehman Brothers, l'ennemi juré de Goldman Sachs, pour lancer quatre jours après un plan de sauvetage qui a miraculeusement évité un drame chez Goldman Sachs ? Le thème des liens « privilégiés » entre Goldman Sachs et les administrations successives, démocrates ou républicaines, alimente les débats dans la presse économique. Mais l'histoire reste fabuleuse. Et elle suscite mon admiration. Quand Marcus Goldman et son gendre Samuel Sachs fondirent leur firme en 1882, ils ne s'attendaient sûrement pas à ce qu'elle soit un jour la seule gagnante d'une crise sans précédent. nun profit de 1,8 milliard de dollars mais surtout un pool de cash de 164 milliards en hausse de 50 milliards de dollars sur trois mois !Par Marc Fiorentino, PDG d'Allofinance.com
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