Nouveau rapport de force dans les rayons

La LME a-t-elle donné un poids excessif à la grande distribution face à ses fournisseurs ? Ou faut-il y voir le simple effet de la crise et du sacre des marques de distributeurs ? Six mois après sa mise en place, la loi de modernisation de l'économie (LME), qui permet à un distributeur de négocier les tarifs de ses fournisseurs, est décriée. D'abord par les agriculteurs, secteur qui échappe pourtant à ce texte régissant l'activité des seuls industriels. La FNSEA en fait la cause de l'effondrement du cours du lait. Et certains élus dénoncent ses méfaits sociaux. François Patriat, sénateur de la Côte-d'Or, voit la patte LME dans la fermeture d'usines Amora, filiale du géant Unilever, et la suppression de 244 emplois à Dijon. « Cette loi a favorisé les marques de distributeurs [?] au détriment des producteurs individuels », argumente-t-il. La polémique enfle. À tel point que la LME fera demain l'objet d'une réunion sur la crise du lait au ministère de l'Agriculture. Michel Barnier et Luc Chatel, secrétaire d'État à la Consommation, qui a défendu la LME, recevront élus, agriculteurs, distributeurs, industriels et associations de consommateurs.relations difficilesLa vindicte surprend. « Plaider pour plus de concurrence et ensuite s'étonner de son impact sur les producteurs est un peu fort de café ! » s'exclame un expert. « Faire le procès de la LME à partir de cas particuliers est excessif », ajoute Olivier Desforges, président de l'Institut de liaisons et d'études des industries de consommation, qui défend notamment les intérêts de Gillette, Henkel et L'Oréalcute;al. « La loi n'a pas exacerbé les relations entre fournisseurs et distributeurs. Elles ont toujours été difficiles », estime Jean-René Buisson, président de l'Association nationale des industries alimentaires. En fait, la réforme a eu le mérite de baisser le prix des grandes marques et de les remettre dans le marché. « L'écart de prix moyen entre les marques nationales et les MDD se réduit : il n'est plus que de 12 % en moyenne », précise Olivier Desforges. Une chance pour les fabricants : ils pourront mieux rivaliser avec les MDD, bras armé des hypermarchés pour relancer leurs ventes et améliorer leur rentabilité. Juliette Garnie
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