Daniel Cohn-Bendit entend mener le jeu contre Barroso

Institutions européennesEn football, c'est dans les cinq premières minutes qu'on se fait respecter », a expliqué hier Daniel Cohn-Bendit, qui compte bien appliquer cette règle au Parlement européen. En effet, l'écologiste s'oppose à la reconduction de José Manuel Barroso à la tête de la Commission, critiquant la gestion de la crise économique de celui qu'il a qualifié un jour de « l'un des acteurs les plus néfastes à l'Europe ». Or il est pour l'instant prévu que le futur président de la Commission soit proposé dès vendredi par les chefs d'État et de gouvernement et confirmé par les eurodéputés en juillet, conformément au traité de Nice. Se faire « respecter », c'est faire du Parlement l'organe qui proposera le futur locataire du Berlaymont au lieu d'être une simple chambre d'enregistrement. C'est donc appliquer les règles du futur traité de Lisbonne.Le trublion écologiste entend imposer son rythme dès le début du match pour ensuite jouer la montre jusqu'à la fin des ratifications du nouveau traité, en octobre. Et mener le jeu, ce qui ne manque pas d'agacer ses coéquipiers. « Il est un peu gonflé avec sa cinquantaine de députés qui représentent 7 % des élus », considère le président du groupe socialiste Martin Schulz.La tactique des Verts consiste, dans un premier temps, à déplacer le jeu. « Le front du refus qui s'organise n'est pas tant contre Barroso que contre la méthode » de désignation du président de la Commission, estime leur chef. « Avec les démocrates libéraux, les socialistes, les verts et l'extrême gauche, je veux former une alliance pour refuser l'investiture en juillet », dit-il. Il lui manquerait alors une dizaine de voix pour rejeter le choix du Conseil européen. Voix qu'il espère récupérer auprès d'élus du centre-droit, excédés à l'idée qu'on puisse leur faire un « croque en jambe ». « Clairement, la véritable épreuve qui attend Barroso sera celle de son approbation par le Parlement », admet un ministre français.pousser à la fauteOr, comme pendant la campagne, Daniel Cohn-Bendit cherche à pousser son adversaire à la faute. Il tacle le Portugais, empressé de se faire confirmer. « Cela devrait être son honneur de dire : moi, Monsieur Barroso, le plus grand défenseur du traité de Lisbonne, je veux être reconduit sous ce traité. » Il compte aussi profiter des calculs d'Angela Merkel et de Nicolas Sarkozy, qui recommandent d'attendre octobre pour l'investiture.On saura vendredi si les Vingt-Sept désignent formellement José Manuel Barroso au risque d'aller au clash avec le Parlement, ou se contentent, comme il l'espère, d'un simple soutien politique en attendant le traité de Lisbonne. Si d'ici là le Portugais s'essouffle, le front anti-Barroso entend faire rentrer en fin de partie le remplaçant de son choix, probablement l'ancien Premier ministre belge, Guy Verhofstadt.
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