Euphorie bancaire à Wall Street

De solides bénéfices prenant les marchés de court, des employés anticipant des bonus replets en fin d'année et l'émancipation d'une encombrante tutelle fédérale : les grandes banques d'investissement de Wall Street espèrent que, après deux années difficiles, la mi-2009 marquera bel et bien un retour au « business as usual » pour leurs activités. à quarante-huit heures d'écart, Goldman Sachs et JP Morgan Chase ont redonné espoir aux analystes qui, voilà une semaine encore, estimaient que les résultats des banques américaines du S&P 500 accuseraient une chute de 52 % au deuxième trimestre.Mercredi, Goldman Sachs a ouvert le bal en affichant un bond de 33 % de son bénéfice net, à 3,4 milliards de dollars (2,4 milliards d'euros). Celui de JP Morgan Chase, annoncé hier, a grimpé de 36 %, à 2,72 milliards de dollars, tandis que son produit net bancaire « record » s'est inscrit à 27,7 milliards de dollars. Ces établissements ont tous deux profité d'une forte amélioration de leurs activités sur les marchés financiers et dans la banque d'investissement. Le produit de trading de Goldman Sach a grimpé de 93 % par rapport à la période correspondante de 2008, tandis que l'activité de garanties d'émissions et d'augmentations de capital a réalisé un produit record de 736 millions de dollars. Chez JP Morgan Chase, le bénéfice de la banque d'investissement a été multiplié par quatre, à 1,47 milliard de dollars, compensant la chute de 97 % des résultats dans la banque de détail et la perte de 672 millions de dollars dans les cartes de crédit.Prudence de miseAprès la reprise de Bear Stearns par JP Morgan Chase, celle de Merrill Lynch par Bank of America (BofA) et la retentissante faillite de Lehman Brothers, « il y a moins de concurrence dans le domaine » de la banque d'investissement, se félicite David Viniar, le directeur financier de Goldman Sachs. Même s'ils sont moins optimistes pour Bank of America et Citigroup, qui, contrairement à JP Morgan Chase et à Goldman Sachs, n'ont pas remboursé les fonds perçus dans le cadre du plan de soutien financier (Tarp), les analystes attendent aujourd'hui des nouvelles réconfortantes de ces deux établissements : un bénéfice par action passant de 11 à 26 cents dans le cas de la BofA et une perte ramenée de 54 à 31 cents par titre dans celui de Citigroup.Pour 2009, Goldman Sachs a déjà mis 6,65 milliards de dollars de côté destinés aux « compensations » de fin d'année tandis que Morgan Stanley espère distribuer entre 11 et 14 milliards de dollars de bonus cette année, selon Howard Chen, analyste au Credit Suisse. Mais, comme le rappellent les vives difficultés du spécialiste du crédit aux PME, CIT, menacé d'un dépôt de bilan, les établissements financiers davantage ou totalement exposés à « l'économie réelle », soit à l'activité des particuliers et des entreprises déprimés par la récession, ne s'apprêtent pas à sabrer le champagne de si tôt. Et bien que s'affirmant globalement confiante pour le second semestre, la direction de JP Morgan Chase, prudente, a constitué des réserves de 9,7 milliards de dollars afin de couvrir de futures pertes sur des créances risquées.Éric Chalmet, à New York
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