La reprise est encore loin pour les Baltes

écessionCollées sur les portes des bâtiments résidentiels de l'université technique de Riga, en Lettonie, de petites affichettes indiquent que, désormais, les douches ne distribueront de l'eau chaude que le mercredi après-midi, de 15 à 23 heures. Cela depuis le mois de mars. Car la crise financière et économique mondiale a fauché l'économie auparavant resplendissante de trois pays Baltes, Lettonie, Estonie et Lituanie. Et les choses vont de mal en pis. Selon les dernières statistiques, le PIB s'est contracté de 18,2 % en Lettonie, de 16,6 % en Estonie et de 22,4 % en Lituanie. En début de semaine, l'agence de notation Standard and Poor's a dégradé les notes des dettes souveraines estonienne et lettone à leurs plus bas niveaux jamais atteints. La note de la dette souveraine lituanienne est encore dans la catégorie « investissement ». Mais pour combien de temps ?Si, pour l'instant, seule la Lettonie a dû demander, en décembre dernier, l'aide du Fonds monétaire international et de l'Union européenne (pour un montant total de 10,5 milliards de dollars), la Lituanie, qui rechigne à le faire, pourrait ne pas avoir d'autre choix dans les semaines qui viennent. Pourtant, « je ne veux pas voir la police financière internationale se mêler des affaires de la Lituanie », a déclaré la présidente, Dalia Grybauskaite. Pour l'heure, tandis que les revenus de l'État ont chuté de 11,3 % sur le premier semestre de cette année, Vilnius s'astreint à faire des économies, sur les salaires, les pensions des fonctionnaires ? et sur les douches des étudiants. De plus, la TVA a été récemment portée à 21 %, contre 19 % auparavant. Enfin, l'État emprunte sur le marché international des capitaux. En juin, il a émis des obligations pour un montant de 500 millions d'euros, mais déjà assortis de taux d'intérêt de 9 %. Pour certains observateurs, mieux vaudrait donc emprunter, à des taux autrement moins punitifs, auprès du FMI? Avec la dégradation probable de sa note, la Lituanie, qui subit déjà, selon l'expression du Fonds, un « douloureux ajustement », ne pourra sans doute plus faire appel au marché.Comment, dans ces conditions, sortir de la crise ? Si les économistes estiment que la récession mondiale touche actuellement à sa fin, « la sortie de crise, pour les pays Baltes, n'arrivera pas avant 2011 », pronostique Mica Johansen, responsable des pays Baltes à la Skandinaviska Enskilda Bank, à Stockholm. « La situation actuelle est extrêmement difficile, mais elle était prévisible, poursuit-il. Pour les trois États, cette crise est une occasion de revenir à la stabilité. La chute de la demande intérieure rééquilibre la balance commerciale en réduisant les importations. Sur le long terme, c'est tout à fait positif. » bulle immobilièreCar les pays Baltes, en plein rattrapage économique ces dernières années, ont connu une consommation effrénée, qui dopait la croissance. Une croissance qui s'affichait à plus de 6 % par an entre 2000 et 2007. Achat de produits importés ou d'appartements, les citoyens baltes voulaient enfin bien vivre. Et, rassurées par l'admis- sion des trois États dans l'Union européenne en mai 2004, de nombreuses banques étrangères, en particulier suédoises, n'ont pas hésité à accorder des prêts en devises à des taux bas aux particuliers, nourrissant une bulle immobilière qui a fait grimper les prix de plus de 60 % en Lettonie pour la seule année 2006? gonflant également la dette extérieure à 110 % du PIB en 2008 en Lettonie. Le « credit-crunch » a depuis fermé le robinet de l'argent pas cher. Le château de cartes s'est donc écroulé, provoquant un chômage sans précédent, situé à présent à 13,5 % en Estonie, 13,9 % en Lettonie et 11,9 % en Lituanie. Les salaires ont dégringolé de moitié dans le secteur de la construction en Lettonie. Partout ailleurs, les autres secteurs ont suivi. « La population est devenue très attentive à ses dépenses », explique-t-on à l'Agence lituanienne de développement. Conséquence de la baisse de la demande, les prix ont déjà perdu 0,8 % en juillet dans la région. Du coup, la déflation menace d'entraîner les trois économies dans sa spirale dépressive, retardant d'autant la sortie de crise.
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