L'ANC au bord de la scission

Soumise à une rébellion interne, l'ANC (Congrès national africain), qui règne sur l'Afrique du Sud depuis 1994, traverse sa plus grave crise depuis sa création il y a 96 ans. La fronde lancée par l'ancien ministre de la Défense Mosiuosa Lekota, un proche de l'ex-président Thabo Mbeki, a pris de l'ampleur mercredi avec le ralliement de Mbhazima Shilowa, un ancien Premier ministre de la province la plus riche du pays. Ce groupe d'opposants pourraient créer un nouveau parti lors d'une convention nationale le 2 novembre en vue des prochaines élections au printemps 2009. Pour eux, l'ANC s'est écarté de ses principes fondateurs. Animés d'un sentiment de revanche, ces partisans de l'ancien président Thabo Mbeki n'ont pas digéré la façon dont il a été poussé vers la sortie le 25 septembre dernier.Après avoir privilégié la politique de la main tendue, la direction de l'ANC ne veut plus faire de cadeaux aux rebelles. L'enjeu ? Le partage du gâteau électoral d'un parti qui obtient près de deux tiers des voix à chaque élection depuis la chute de l'apartheid en 1994. La mise sur orbite d'une formation dissidente, qui pourrait attirer de 10 % à 20 % des électeurs, rééquilibrerait enfin une démocratie sud-africaine dans laquelle l'opposition reste aujourd'hui cantonnée au rôle de spectatrice.ATTENTISME DES INVESTISSEURSIl reste toutefois beaucoup d'inconnues. Thabo Mbeki se tient pour l'instant à distance. Dans le sud du pays autour du Cap, des sections locales de l'ANC seraient prêtes à basculer, mais combien de militants changeront réellement de carte de parti ? Les investisseurs redoutent que cette crise politique qui s'étire en longueur déstabilise le pays. Pour le moment, la première puissance économique du continent a été relativement épargnée par les soubresauts mondiaux. La raison ? Des banques sud-africaines qui ont peu touché aux fameux subprimes. La monnaie locale, le rand, s'est toutefois fortement dépréciée face au dollar (son plus bas niveau depuis sept ans), faisant craindre une envolée des coûts de construction des stades de la prochaine Coupe du monde de football en 2010.
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