"Edward aux mains d'argent", de l'écran à la scène

Tout a commencé par un drôle de dessin griffonné en classe. Celui d'un petit garçon avec des ciseaux en guise de doigts. Le jeune Tim Burton n'imaginait alors sans doute pas le destin qui les attendait, lui et son héros de papier. En 1986, le réalisateur - qui n'a encore tourné qu'un seul film - mentionne son personnage imaginaire à une amie scénariste. L'emballement est immédiat. Quatre ans plus tard, Edward aux mains d'argent sort au cinéma. L'histoire de ce Frankenstein lunaire et romantique - incarné à l'écran par Johnny Depp - qui essaye de se faire accepter dans une société du paraître est vite devenue culte. Jusqu'à investir, aujourd'hui, la scène du théâtre du Châtelet dans un spectacle mêlant ballet et pantomime, semblable à une comédie musicale de Broadway sans paroles.Le chorégraphe britannique à qui Tim Burton a confié son bébé pour ce show explosif se nomme Matthew Bourne. Chacun de ses spectacles fait carton plein. Car l'homme a l'habitude de revisiter les classiques avec panache. Après Casse-Noisette en 1992, il a imaginé un Lac des cygnes (donné il y a trois ans à Paris) avec un corps de ballet entièrement masculin. Son nouveau fait d'armes- une version contemporaine de Dorian Gray où le fameux portrait est remplacé par une affiche publicitaire et le dandy par un beau gosse se laissant étourdir par la célébrité - a secoué la dernière rentrée théâtrale londonienne.PARTITION ENVOUTANTES'il connaît les éloges, Matthew Bourne sait aussi s'attirer les foudres des puristes. Avec le cultissime Edward aux mains d'argent, l'entreprise n'était pas sans risque. Mais le chorégraphe s'est habilement sorti de ce guêpier, préférant recréer l'émotion et les thèmes chers à Burton - l'isolement, la cruauté, le monde de l'enfance plutôt qu'une imitation rigoureuse du film.Grande gagnante du spectacle, la musique se base sur la partition envoûtante de Danny Elfman - le compositeur attitré de Burton. Les ambiances varient beaucoup. Ainsi la noirceur des débuts dans le lugubre château d'un savant fou précède les airs enjoués destinés à présenter la banlieue résidentielle - aux décors savoureusement kitsch - peuplée de trop aimables citoyens aux sourires ultrabright.Les épisodes sont parfois pleins de folie, comme lorsque Edward, devenu la coqueluche de ces dames grâce à ses talents de coiffeur, fanfaronne en génie exalté. À d'autres moments, l'atmosphère se fait plus intimiste (le pas de deux entre Edward et sa promise sous le clair de lune au milieu d'une végétation qui prend vie). Dans tous les cas c'est l'enchantement qui règne.Bourne a voulu rendre hommage à ce qui est, déjà aujourd'hui, considéré comme un classique du cinéma. Il le fait avec brio à travers un grand spectacle familial et féerique.Pratique"Edward aux mains d'argent" au théâtre du Châtelet, jusqu'au 2 novembre.Tél. : 01.40.28.28.40 www.chatelet-theatre.com
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